Corpus ESLO

JGuarrigues :

merci

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous]

JGuarrigues :

euh je sais pas si c'est un sujet euh

JGuarrigues :

d'actualité à mon avis là il a

JGuarrigues :

il a un petit peu perdu son

JGuarrigues :

son actualité brûlante

JGuarrigues :

tous les citoyens que vous êtes

JGuarrigues :

s'en rendent compte

JGuarrigues :

alors avant toute chose je voudrais te remercier d'avoir euh

JGuarrigues :

organisé cette euh cette journée qui

JGuarrigues :

qui nous fédère

JGuarrigues :

et je voudrais remercier aussi euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

Bernard Ribémont qui a euh

JGuarrigues :

eu la

JGuarrigues :

le dynamisme le courage

JGuarrigues :

de lancer ce laboratoire Polen

JGuarrigues :

qui nous a permis de nous réunir

JGuarrigues :

[i:noise:instantaneous]

JGuarrigues :

euh sur des périodes historiques

JGuarrigues :

différentes

JGuarrigues :

et de réunir des littéraires des historiens des historiens du droit

JGuarrigues :

et euh pour cela il doit être

JGuarrigues :

chaleureusement remercié je le fais ici euh devant vous

JGuarrigues :

alors euh j'ai je m-

JGuarrigues :

je vais vous parler je vais essayer de vous parler sans images

JGuarrigues :

je vais euh si ce n'est celles que je vais essayer de susciter dans votre

JGuarrigues :

dans votre intellect

JGuarrigues :

euh je vais essayer de vous parler euh sans images d'une euh

JGuarrigues :

d'un thème qui est celui d'un

JGuarrigues :

d'un ouvrage que j'ai

JGuarrigues :

publié il y a quelques

JGuarrigues :

semaines

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] ce qui lui donne son actualité mais en réalité

JGuarrigues :

euh on voit bien

JGuarrigues :

que cette actualité est assez lointaine et je vais commencer justement par une image

JGuarrigues :

par une image qui m'a donné l'idée de de ce livre

JGuarrigues :

cette image c'est celle d'un homme

JGuarrigues :

euh seul le quatorze janvier deux mille sept

JGuarrigues :

sur la scène

JGuarrigues :

du palais des sports de la porte de Versailles

JGuarrigues :

sur une scène euh

JGuarrigues :

triangulaire qui évoque

JGuarrigues :

une sorte de passage

JGuarrigues :

vers euh

JGuarrigues :

un

JGuarrigues :

un décor

JGuarrigues :

bleu d'azur

JGuarrigues :

euh à où se dégagent

JGuarrigues :

les les lettres

JGuarrigues :

la France d'après

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

et euh ce ce cet idéal

JGuarrigues :

euh vers lequel

JGuarrigues :

tend euh cet euh

JGuarrigues :

ce ce personnage seul sur cette scène

JGuarrigues :

et qui euh

JGuarrigues :

euh présente une

JGuarrigues :

une France en crise

JGuarrigues :

une France en crise

JGuarrigues :

profonde

JGuarrigues :

une crise dont il dit qu'elle est avant tout morale

JGuarrigues :

et qu'il se propose

JGuarrigues :

de résoudre

JGuarrigues :

avec je dirais la foi d'un prophète

JGuarrigues :

et la volonté d'un guide

JGuarrigues :

euh et si l'on écoute le discours qui est proféré ce jour-là par cet homme

JGuarrigues :

en janvier deux mille sept

JGuarrigues :

il parle de

JGuarrigues :

farouche détermination

JGuarrigues :

il parle d'énergie infinie

JGuarrigues :

on voit très bien que

JGuarrigues :

une image

JGuarrigues :

apparaît euh semble émerger

JGuarrigues :

de cette euh

JGuarrigues :

réunion politique fondatrice

JGuarrigues :

l'homme

JGuarrigues :

vous vous en doutez euh

JGuarrigues :

était Nicolas Sarkozy

JGuarrigues :

et à travers cette image on voit de quelle façon

JGuarrigues :

euh hm

JGuarrigues :

tend à émerger à réémerger sur la scène politique française

JGuarrigues :

une vieille fascination

JGuarrigues :

une vieille fascination récurrente

JGuarrigues :

depuis euh

JGuarrigues :

le début du dix-neuvième siècle

JGuarrigues :

qui est celle de l'homme providentiel

JGuarrigues :

et on pourrait rajouter à quel point euh

JGuarrigues :

cette image euh a laissé place aujourd'hui à un certain nombre de désillusions mais ça

JGuarrigues :

euh je vous en laisse seuls juges

JGuarrigues :

alors évidemment cette histoire d'homme providentiel

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] n'est pas née avec euh l'époque contemporaine

JGuarrigues :

qui est mon champ de

JGuarrigues :

de recherche

JGuarrigues :

cette fonction du

JGuarrigues :

du sauveur

JGuarrigues :

euh elle est biblique

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

euh assumer les malheurs et la souffrance de son peuple

JGuarrigues :

la guider vers la terre promise

JGuarrigues :

c'est ça

JGuarrigues :

l'homme

JGuarrigues :

providentiel

JGuarrigues :

et cet homme providentiel au fond sous l'Ancien Régime

JGuarrigues :

et je parle sous le contrôle de mes collègues médiévistes et

JGuarrigues :

et modernistes

JGuarrigues :

s'incarnait dans la personne royale

JGuarrigues :

l'envoyé de la providence

JGuarrigues :

loin du seigneur

JGuarrigues :

donc point n'était besoin de créer cette mythologie

JGuarrigues :

de l'homme providentiel

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] mais

JGuarrigues :

mais il se trouve que la France républicaine

JGuarrigues :

la France du dix-neuvième siècle

JGuarrigues :

a eu besoin

JGuarrigues :

de cette image

JGuarrigues :

de ce référent d'homme

JGuarrigues :

d'homme providentiel

JGuarrigues :

et d'ailleurs au fond

JGuarrigues :

le premier homme providentiel a été une femme

JGuarrigues :

premier homme providentiel a été une femme ça a été Jeanne d'Arc

JGuarrigues :

archétype féminin

JGuarrigues :

de ce mythe

JGuarrigues :

providentialiste

JGuarrigues :

et euh le deux-

JGuarrigues :

dix-neuvième siècle

JGuarrigues :

pour beaucoup d'historiens est devenu le siècle de Jeanne

JGuarrigues :

et cette euh

JGuarrigues :

mythologie euh

JGuarrigues :

providentialiste

JGuarrigues :

[providentialisse:pronounce:instantaneous] s'est

JGuarrigues :

s'est véritablement imposée

JGuarrigues :

au dix-neuvième siècle

JGuarrigues :

comme

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

une des mythologies fondatrices

JGuarrigues :

de notre vie poli- politique

JGuarrigues :

alors ma démarche moi dans ce livre

JGuarrigues :

a été de d'essayer de démonter les mécanismes

JGuarrigues :

qui ont rendu possible

JGuarrigues :

euh au coeur même d'une France qui s'est présentée comme le modèle

JGuarrigues :

l'archétype

JGuarrigues :

euh du euh

JGuarrigues :

de la démocratie

JGuarrigues :

et de la République

JGuarrigues :

comment euh

JGuarrigues :

des mécanismes

JGuarrigues :

euh de construction de fascination ont rendu possible justement

JGuarrigues :

euh cette figure d'homme providentiel

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] évidemment

JGuarrigues :

ça n'est pas

JGuarrigues :

spécifiquement une euh

JGuarrigues :

un phénomène français

JGuarrigues :

hm

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

la l'exemple des dictatures totalitaires de l'entre-deux guerres

JGuarrigues :

Mussolini Hitler Staline

JGuarrigues :

nous montre à quel point euh

JGuarrigues :

la fascination de l'homme providentiel peut conduire

JGuarrigues :

à des dérives fâcheuses

JGuarrigues :

et l'histoire des démocraties elle-même euh l'histoire de la démocratie américaine est pleine

JGuarrigues :

d'hommes providentiels de Georges Washington jusqu'à

JGuarrigues :

Barack Obama

JGuarrigues :

ça a d'ailleurs été euh

JGuarrigues :

une des interrogations euh

JGuarrigues :

initiales de ce de ce livre

JGuarrigues :

de savoir si je me cantonnais à l'espace français

JGuarrigues :

ou si j'allais euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

essayer de hm

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] de

JGuarrigues :

comparer

JGuarrigues :

les différentes figures

JGuarrigues :

mais j'avais suffisamment de travail

JGuarrigues :

avec le cas français

JGuarrigues :

pour euh

JGuarrigues :

euh ne pas

JGuarrigues :

euh aller chercher plus loin euh

JGuarrigues :

cette cette récurrence et puis surtout

JGuarrigues :

et puis surtout

JGuarrigues :

j'ai constaté avec moi euh

JGuarrigues :

euh d'autres historiens même avant moi d'autres historiens

JGuarrigues :

que

JGuarrigues :

euh ce phénomène

JGuarrigues :

il est

JGuarrigues :

il a la particularité en France d'être récurrent

JGuarrigues :

c'est-à-dire que de façon cyclique

JGuarrigues :

chaque fois que la France est confrontée à une situation de crise

JGuarrigues :

que ça soit une guerre

JGuarrigues :

que ça soit ce que l'historien Michel Winock appelle des fièvres hexagonales

JGuarrigues :

des moments de

JGuarrigues :

de tension de la société française

JGuarrigues :

[français:pronounce:instantaneous]

JGuarrigues :

qui n'arrive pas à résoudre ses problèmes

JGuarrigues :

elle fait appel

JGuarrigues :

à

JGuarrigues :

un sauveur

JGuarrigues :

une figure

JGuarrigues :

unique

JGuarrigues :

en contradiction

JGuarrigues :

en contradiction

JGuarrigues :

totale

JGuarrigues :

avec ce qui est

JGuarrigues :

le principe même fondateur

JGuarrigues :

de la démocratie

JGuarrigues :

républicaine

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] alors y a un historien

JGuarrigues :

[hitstorien:noise:instantaneous]

JGuarrigues :

de droite d'ailleurs qui s'appelle Raoul Girardet

JGuarrigues :

qui a étudié cette fascination enfin qui l'a signalée

JGuarrigues :

dans les années dix-neuf cent quatre-vingt

JGuarrigues :

et j'ai eu envie de

JGuarrigues :

d'aller un petit peu sur les traces

JGuarrigues :

de l'intuition

JGuarrigues :

de Raoul Girardet

JGuarrigues :

alors

JGuarrigues :

y a quatre grandes figures qui ont été étudiées par les historiens euh

JGuarrigues :

quatre figures d'hommes providentiels qui

JGuarrigues :

qui s'imposent en quelque sorte

JGuarrigues :

c'est celle de Napoléon Bonaparte évidemment

JGuarrigues :

c'est celle du général de Gaulle

JGuarrigues :

et puis on pourrait dire que Georges Clémenceau en dix-neuf cent dix-sept

JGuarrigues :

et le maréchal Pétain en dix-neuf cent quarante ont

JGuarrigues :

beaucoup attiré euh

JGuarrigues :

euh l'attention des

JGuarrigues :

des historiens

JGuarrigues :

mais moi ce qui m'intéressait

JGuarrigues :

c'était de voir

JGuarrigues :

les autres

JGuarrigues :

de voir à quel point

JGuarrigues :

des grands républicains

JGuarrigues :

de purs républicains

JGuarrigues :

comme

JGuarrigues :

Alphonse de Lamartine

JGuarrigues :

comme Léon Gambetta

JGuarrigues :

comme Adolphe Thiers

JGuarrigues :

comme euh Raymond Poincaré

JGuarrigues :

comme Gaston Doumergue

JGuarrigues :

comme Antoine Pinay comme Pierre Mendès France

JGuarrigues :

avaient

JGuarrigues :

fait figure

JGuarrigues :

d'hommes providentiels

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] il s'agissait pas simplement

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] de le dire mais d'essayer de le prouver

JGuarrigues :

d'essayer de le prouver

JGuarrigues :

alors

JGuarrigues :

voilà

JGuarrigues :

mon travail a été euh

JGuarrigues :

de me situer un peu au confluent de l'histoire politique traditionnelle

JGuarrigues :

l'histoire des partis

JGuarrigues :

l'histoire des institutions

JGuarrigues :

et d'une histoire plus subjective

JGuarrigues :

celle des représentations

JGuarrigues :

dans un champ euh où l'émotion la sensibilité

JGuarrigues :

la subjectivité euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

je dirais télescopent

JGuarrigues :

des données plus rationnelles

JGuarrigues :

hein c'est-à-dire

JGuarrigues :

cette rencontre entre le désir collectif d'un peuple

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

la prophétie

JGuarrigues :

d'un sauveur

JGuarrigues :

euh c'est une alchimie assez complexe

JGuarrigues :

je dois dire

JGuarrigues :

où euh

JGuarrigues :

si vous voulez les mots

JGuarrigues :

et les images comptent autant

JGuarrigues :

que que les faits

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] alors quels étaient mes questionnements

JGuarrigues :

dans cette recherche ?

JGuarrigues :

bah les questionnements c'était d'abord

JGuarrigues :

de dé- d'essayer de définir le terreau

JGuarrigues :

de l'appel au sauveur

JGuarrigues :

à savoir

JGuarrigues :

comment

JGuarrigues :

une société à un moment donné éprouve le besoin

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

pourquoi elle éprouve le besoin

JGuarrigues :

de faire recours

JGuarrigues :

à cet homme providentiel ?

JGuarrigues :

deuxième question

JGuarrigues :

comment

JGuarrigues :

je dirais

JGuarrigues :

ce contexte de crise se se transmue en recours

JGuarrigues :

qu'est-ce qu'il se passe ?

JGuarrigues :

comment est-ce qu'on fabrique l'homme providentiel ?

JGuarrigues :

par quel moyen par quelle stratégie par quel mot

JGuarrigues :

on construit

JGuarrigues :

cette image

JGuarrigues :

de sauveur ?

JGuarrigues :

et puis le troisième temps c'était

JGuarrigues :

qu'est-ce que

JGuarrigues :

qu'est-ce qui suit la prise du pouvoir ?

JGuarrigues :

comment est-ce que

JGuarrigues :

le

JGuarrigues :

désir collectif réagit

JGuarrigues :

face à cette image de sauveur ?

JGuarrigues :

au fond qu'est-ce que l'état de grâce

JGuarrigues :

pour l'homme providentiel ?

JGuarrigues :

et enfin euh

JGuarrigues :

euh c'est de me demander

JGuarrigues :

comment

JGuarrigues :

une fois que l'homme providentiel a fait son travail d'homme providentiel

JGuarrigues :

une fois qu'il a tranché les noeuds gordiens euh

JGuarrigues :

euh qui se posent à la société française

JGuarrigues :

[i:noise:instantaneous] euh

JGuarrigues :

comment est-ce que surgit une mythologie ?

JGuarrigues :

comment est-ce qu'elle s'installe ?

JGuarrigues :

pourquoi est-ce qu'elle s'installe

JGuarrigues :

pour certains et pas pour d'autres ?

JGuarrigues :

alors vous vous en doutez c'est une recherche qui pose un certain nombre de pièges

JGuarrigues :

parce que c'est une euh

JGuarrigues :

recherche sur le temps long

JGuarrigues :

de l'histoire contemporaine

JGuarrigues :

on a des historiens qui travaillent sur

JGuarrigues :

deux trois années euh

JGuarrigues :

de crise

JGuarrigues :

là euh j'essaye de travailler de Bonaparte jusque

JGuarrigues :

jusqu'au général de Gaulle si ce n'est jusqu'à Nicolas Sarkozy

JGuarrigues :

mes sources

JGuarrigues :

les sources sont évidemment très disparates très hétérogènes

JGuarrigues :

les langages ne sont pas les mêmes

JGuarrigues :

l'appréhension collective

JGuarrigues :

n'est pas la même

JGuarrigues :

les archives

JGuarrigues :

sont très

JGuarrigues :

euh disparates

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

très souvent on

JGuarrigues :

on a des grosses surprises

JGuarrigues :

et des

JGuarrigues :

l'une des euh

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] je dirais

JGuarrigues :

l'un des apports

JGuarrigues :

en tout cas l'une des tentatives de mon travail c'était de retrouver justement

JGuarrigues :

des choses inédites

JGuarrigues :

des archives inédites

JGuarrigues :

qui allaient

JGuarrigues :

attester de cette pulsion récurrente

JGuarrigues :

alors qu'est-ce que j'ai fait ?

JGuarrigues :

bah dans un premier temps j'ai essayé de décrire

JGuarrigues :

euh cette pulsion récurrente

JGuarrigues :

de la société française

JGuarrigues :

en attente d'un sauveur

JGuarrigues :

j'ai appelé ça euh

JGuarrigues :

euh le temps de

JGuarrigues :

de l'espérance

JGuarrigues :

en me référant à à un ouvrage de Claude Mauriac qui était un proche du général de Gaulle

JGuarrigues :

s'appelle Et comme l'espérance est violente

JGuarrigues :

et les littéraires savent que

JGuarrigues :

euh ce cette citation est tirée d'un

JGuarrigues :

d'un vers fameux de Guillaume Apollinaire

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

et et donc ce que

JGuarrigues :

ce que j'ai essayé de montrer

JGuarrigues :

dans un premier temps

JGuarrigues :

c'est

JGuarrigues :

comment

JGuarrigues :

la société française se retrouve

JGuarrigues :

à certains moments dans un état d'espérance ?

JGuarrigues :

d'espérance

JGuarrigues :

irraisonnée d'espérance

JGuarrigues :

irrationnelle

JGuarrigues :

euh qui la fait se précipiter dans les bras du premier sauveur euh

JGuarrigues :

venu

JGuarrigues :

j'ai donc

JGuarrigues :

[onc:pronounce:instantaneous] essayé de

JGuarrigues :

de périodiser

JGuarrigues :

cette espérance collective

JGuarrigues :

et je vous dis tout de suite que deux mille douze ne me semble pas euh

JGuarrigues :

entrer dans cette euh

JGuarrigues :

périodisation

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] alors

JGuarrigues :

cette périodisation

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

j'y vois d'abord euh

JGuarrigues :

euh un un père fondateur qui est Bonaparte

JGuarrigues :

une image fondatrice

JGuarrigues :

qui est celle au fond du César

JGuarrigues :

du héros combattant

JGuarrigues :

qui euh

JGuarrigues :

fort précisément de cette

JGuarrigues :

de son prestige

JGuarrigues :

de héros victorieux

JGuarrigues :

va euh et ça a été toute la démarche

JGuarrigues :

de Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

qui va euh

JGuarrigues :

se prévaloir de cette expérience de chef militaire

JGuarrigues :

pour devenir

JGuarrigues :

le chef politique le reconstructeur le

JGuarrigues :

le bâtisseur

JGuarrigues :

et au fond tout le premier dix-neuvième siècle

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] jusqu'à son neveu

JGuarrigues :

jusqu'à Louis N-

JGuarrigues :

Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

est marqué

JGuarrigues :

par cette image du César

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] puis

JGuarrigues :

à partir

JGuarrigues :

de euh

JGuarrigues :

la troisième République

JGuarrigues :

euh les républicains donc se méfient des dictateurs

JGuarrigues :

ils ont l'expérience

JGuarrigues :

[la expérience:pronounce:instantaneous] des deux

JGuarrigues :

euh Césars de

JGuarrigues :

du premier et

JGuarrigues :

et du second

JGuarrigues :

bon

JGuarrigues :

euh qui a été très décrié par l'historiographie ré- républicaine

JGuarrigues :

qui vaut mieux que

JGuarrigues :

que cette historiographie mais enfin

JGuarrigues :

qui pour eux

JGuarrigues :

pour les hommes de cette époque

JGuarrigues :

est

JGuarrigues :

est l'anti-modèle

JGuarrigues :

en revanche

JGuarrigues :

en revanche au sein même de cette détestation

JGuarrigues :

euh du César

JGuarrigues :

ressurgit

JGuarrigues :

cette obsession de l'homme providentiel

JGuarrigues :

incarné en dix-huit cent soixante-dix par Gambetta

JGuarrigues :

l'homme de la défense patriotique

JGuarrigues :

incarné en novembre dix-neuf cent dix-sept par Georges Clémenceau

JGuarrigues :

le père la victoire

JGuarrigues :

et incarné euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

éventuellement

JGuarrigues :

euh au coeur des années dix-huit cent quatre-vingt

JGuarrigues :

par celui qui est devenu la star de la vie politique en quelques mois

JGuarrigues :

il s'appelle Général Boulanger

JGuarrigues :

et qui s'est éteint aussi vite

JGuarrigues :

qu'il était apparu sur la scène politique

JGuarrigues :

alors j'ai appelé ça le temps de Périclès

JGuarrigues :

en pensant au stratège athénien

JGuarrigues :

qui défendit sa cité

JGuarrigues :

parce que au fond c'est cette image-là qui domine les espérances les attentes collectives

JGuarrigues :

de la troisième République

JGuarrigues :

l'idée de la revanche

JGuarrigues :

bien sûr

JGuarrigues :

sur l'Allemagne

JGuarrigues :

la troisième époque

JGuarrigues :

qui commence à la fin de la première guerre mondiale

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] est

JGuarrigues :

est une période bien différente

JGuarrigues :

la France est traumatisée

JGuarrigues :

par l'expérience de guerre

JGuarrigues :

et ce qu'elle recherche à ce moment-là

JGuarrigues :

ce n'est plus un héros

JGuarrigues :

hein ce n'est plus un patriote

JGuarrigues :

c'est un père protecteur

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

quelqu'un qui la rassure

JGuarrigues :

quelqu'un qui a de l'expérience

JGuarrigues :

et ce n'est pas un hasard

JGuarrigues :

si ils vont correspondre à cette image de père protecteur et rassurant

JGuarrigues :

des hommes comme Raymond Poincaré le sauveur du franc

JGuarrigues :

en dix-neuf cent vingt-six

JGuarrigues :

Gaston Doumergue

JGuarrigues :

qui arrive au lendemain de la crise

JGuarrigues :

du six février dix-neuf cent trente-quatre

JGuarrigues :

et puis le maréchal Pétain

JGuarrigues :

archétype

JGuarrigues :

de ce

JGuarrigues :

père providentiel

JGuarrigues :

de ce père protecteur

JGuarrigues :

qui tel Saint Sinatus va euh

JGuarrigues :

pour un temps bien trop long malheureusement

JGuarrigues :

euh prendre en main les destinées de ce qui n'est plus la République mais l'Etat français

JGuarrigues :

c'est pour ça que cette époque

JGuarrigues :

je l'ai appelée le temps de Saint Sinatus

JGuarrigues :

et puis y a une quatrième époque

JGuarrigues :

une quatrième époque

JGuarrigues :

qui s'ouvre après la libération de la France

JGuarrigues :

et que j'ai appelée le temps de Solon

JGuarrigues :

pourquoi ? bah parce que

JGuarrigues :

à ce moment-là

JGuarrigues :

ce qui compte

JGuarrigues :

c'est de reconstruire

JGuarrigues :

de rénover de moderniser de transformer

JGuarrigues :

et là y a deux figures qui se détachent et qui vont correspondre à cette image du Solon

JGuarrigues :

c'est Pierre Mendès France en dix-neuf cent cinquante-quatre

JGuarrigues :

le réformateur le bâtisseur de la France moderne

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

le général de Gaulle qui revient

JGuarrigues :

deuxième

JGuarrigues :

pour la deuxième occurrence

JGuarrigues :

de cette euh

JGuarrigues :

figure du euh sauveur

JGuarrigues :

en dix-neuf cent cinquante-huit

JGuarrigues :

pour reconstruire une F- une France nouvelle

JGuarrigues :

celle de la cinquième République

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] il est évident que

JGuarrigues :

cette chronologie est

JGuarrigues :

est très approximative

JGuarrigues :

est très succincte hein j'essaye de vous résumer

JGuarrigues :

en euh euh euh

JGuarrigues :

vingt minutes ce qui a fait l'objet de

JGuarrigues :

plusieurs années de travail mais

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

euh tec- est évident

JGuarrigues :

[tévident:pronounce:instantaneous] que cette chronologie euh

JGuarrigues :

est tout à fait approximative

JGuarrigues :

par exemple

JGuarrigues :

Adolphe Thiers que j'ai annexé au temps de Périclès au moment où la France

JGuarrigues :

attend un un un un patriote

JGuarrigues :

euh Thiers s'impose plutôt comme une figure de

JGuarrigues :

père protecteur

JGuarrigues :

mais

JGuarrigues :

il

JGuarrigues :

appartient à une

JGuarrigues :

période

JGuarrigues :

hein à un temps

JGuarrigues :

où ce qui domine c'est l'attente

JGuarrigues :

justement

JGuarrigues :

du euh

JGuarrigues :

du patriote

JGuarrigues :

et c'est ce qui m'a intéressé hein

JGuarrigues :

puisque je le rappelle

JGuarrigues :

euh ce qui est tout aussi intéressant

JGuarrigues :

que

JGuarrigues :

de faire apparaître des figures de sauveur

JGuarrigues :

que d'empiler des vignettes euh biographiques

JGuarrigues :

c'est de voir comment une société

JGuarrigues :

à un moment donné

JGuarrigues :

et pourquoi une société

JGuarrigues :

va précisément euh

JGuarrigues :

euh se

JGuarrigues :

se donner

JGuarrigues :

à un homme providentiel

JGuarrigues :

à partir du moment où

JGuarrigues :

cette société en attente euh

JGuarrigues :

euh va euh

JGuarrigues :

se se précipiter vers l'homme providentiel

JGuarrigues :

il faut que celui-ci

JGuarrigues :

soit en mesure de lui offrir

JGuarrigues :

quelque chose

JGuarrigues :

une figure de recours

JGuarrigues :

et c'est c'est c'est ce que j'ai traité dans la deuxième partie de

JGuarrigues :

de ce de cet ouvrage

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] pourquoi ? parce que

JGuarrigues :

le discours de l'homme providentiel

JGuarrigues :

euh tend bien souvent à nous faire croire que son avènement

JGuarrigues :

relève d'une sorte d'évidence historique

JGuarrigues :

c'est une immanence

JGuarrigues :

qui fait se rencontrer naturellement euh

JGuarrigues :

au fond la légende d'un homme

JGuarrigues :

et les espérances de son peuple

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

c'est ce que tend à faire euh croire justement la mythologie

JGuarrigues :

mais la réalité est tout autre

JGuarrigues :

on voit bien que derrière un homme providentiel

JGuarrigues :

y a une construction

JGuarrigues :

y a une fabrication

JGuarrigues :

euh si l'on prend l'exemple fondateur de

JGuarrigues :

de Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

avant le dix-huit brumaire

JGuarrigues :

il n'apparaît pas comme ça d'un coup euh

JGuarrigues :

pour résoudre les problèmes de la France

JGuarrigues :

depuis

JGuarrigues :

deux ans depuis trois ans

JGuarrigues :

il travaille son image

JGuarrigues :

il depuis deux ou trois ans

JGuarrigues :

il construit une image

JGuarrigues :

de héros euh

JGuarrigues :

militaire

JGuarrigues :

mais aussi

JGuarrigues :

une image de rassembleur politique

JGuarrigues :

de pacificateur

JGuarrigues :

à travers des journaux

JGuarrigues :

hein qu'il publie euh

JGuarrigues :

dans ses campagnes en Italie en Egypte

JGuarrigues :

donc y a tout une fabrication

JGuarrigues :

et cette fabrication moi j'ai voulu l'étudier euh

JGuarrigues :

de façon euh très précise

JGuarrigues :

euh à travers

JGuarrigues :

les pérégrinations

JGuarrigues :

euh de l'homme providentiel

JGuarrigues :

euh euh à t-

JGuarrigues :

aux autre coins de France

JGuarrigues :

je pense par exemple à Louis Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

qui lorsqu'il est élu président de la République euh

JGuarrigues :

en décembre dix-huit cent quarante-huit

JGuarrigues :

va s'empresser de faire le tour de France

JGuarrigues :

pour expliquer

JGuarrigues :

aux Français

JGuarrigues :

pourquoi ils ont besoin de l'Empire

JGuarrigues :

lui qui a prêté serment à la République

JGuarrigues :

va leur expliquer

JGuarrigues :

pourquoi

JGuarrigues :

au fond

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

tout naturellement on va en arriver

JGuarrigues :

au coup d'état du deux décembre dix-huit cent cinquante et un

JGuarrigues :

et à la restauration de l'Empire

JGuarrigues :

le général de Gaulle

JGuarrigues :

le général de Gaulle

JGuarrigues :

à peine a t-il quitté le pouvoir en janvier dix-neuf cent quarante-six

JGuarrigues :

qu'il se lance

JGuarrigues :

dans

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] une sorte de campagne à très très long cours

JGuarrigues :

une campagne à long terme

JGuarrigues :

alors on dira que cette campagne va s'interrompre par la traversée du désert euh

JGuarrigues :

euh à partir dix-neuf cent cinquante-trois

JGuarrigues :

surtout après dix-neuf cent cinquante-cinq

JGuarrigues :

en réalité il n'a jamais cessé

JGuarrigues :

de construire

JGuarrigues :

une mythologie

JGuarrigues :

qui s'inspire hm

JGuarrigues :

de l'appel du dix-huit juin qui se

JGuarrigues :

qui s'enracine

JGuarrigues :

dans cet appel du

JGuarrigues :

du héros de l'homme seul

JGuarrigues :

de l'homme seul

JGuarrigues :

face au

JGuarrigues :

danger face

JGuarrigues :

au pouvoir constitué

JGuarrigues :

et qui va le conduire

JGuarrigues :

de façon assez

JGuarrigues :

naturelle de façon assez cohérente

JGuarrigues :

vers le retour au pouvoir

JGuarrigues :

dont il n'a jamais douté

JGuarrigues :

en réalité

JGuarrigues :

donc tout cette

JGuarrigues :

toute cette préparation-là si vous voulez

JGuarrigues :

elle est passionnante à suivre parce qu'on voit très bien

JGuarrigues :

que

JGuarrigues :

il y a un discours prophétique

JGuarrigues :

qui se construit

JGuarrigues :

un discours normé

JGuarrigues :

mais là je le le

JGuarrigues :

le lien avec laboir-

JGuarrigues :

le laboratoire Pollen

JGuarrigues :

euh euh saute aux yeux

JGuarrigues :

c'est-à-dire que

JGuarrigues :

vous avez un discours qui est toujours le même

JGuarrigues :

d'abord le peuple

JGuarrigues :

qui est trahi

JGuarrigues :

par ses élites

JGuarrigues :

ceux qui font pas leur travail

JGuarrigues :

bon

JGuarrigues :

ensuite y a la catastrophe qui est imminente

JGuarrigues :

le déclin euh

JGuarrigues :

va euh nous tomber sur la tête

JGuarrigues :

et puis y a l'espérance

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

euh de celui qui a compris le peuple

JGuarrigues :

de celui qui incarne la nation

JGuarrigues :

qui rassemble

JGuarrigues :

qui guide

JGuarrigues :

qui guérit

JGuarrigues :

qui redresse

JGuarrigues :

qui régénère

JGuarrigues :

y a tous ces éléments-là

JGuarrigues :

[éments-là:pronounce:instantaneous]

JGuarrigues :

tous ces éléments-là

JGuarrigues :

qui font que

JGuarrigues :

se construit cette rencontre

JGuarrigues :

entre

JGuarrigues :

euh la société

JGuarrigues :

et l'homme providentiel

JGuarrigues :

l'étape suivante

JGuarrigues :

bah c'est l'état de grâce

JGuarrigues :

François Mitterand

JGuarrigues :

dix-neuf cent quatre-vingt-un

JGuarrigues :

vous vous souvenez de ce que l'on a appelé l'état de grâce

JGuarrigues :

c'était un moment extraordinaire

JGuarrigues :

je pouvais tout faire

JGuarrigues :

je pouvais tout faire

JGuarrigues :

voilà l'impression au fond qui se dégage

JGuarrigues :

de ces moments où

JGuarrigues :

l'homme providentiel

JGuarrigues :

euh qu'il soit François Mitterrand ou pas

JGuarrigues :

euh l'homme providentiel

JGuarrigues :

suscite

JGuarrigues :

une euh

JGuarrigues :

euh vague de sympathie

JGuarrigues :

d'adhésion de vénération

JGuarrigues :

de façon quasi

JGuarrigues :

systématique

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

ce qui est très frappant c'est que vous la trouvez aussi bien

JGuarrigues :

dans les catégories les plus populaires

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] et là euh

JGuarrigues :

j'ai cherché dans des archives des correspondances

JGuarrigues :

et j'ai trouvé euh

JGuarrigues :

hm

JGuarrigues :

de façon assez inattendue euh

JGuarrigues :

au moment où Pierre Mendès France arrive en dix-neuf cent cinquante-quatre au pouvoir

JGuarrigues :

j'ai retrouvé dans les archives de Louviers

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

des centaines et des centaines de lettres

JGuarrigues :

de

JGuarrigues :

euh hm

JGuarrigues :

oui de

JGuarrigues :

d'idolâtrie

JGuarrigues :

euh quasi religieuse envers Pierre Mendès France

JGuarrigues :

Pierre Mendès France

JGuarrigues :

est un pur républicain

JGuarrigues :

qui a toujours refusé l'image

JGuarrigues :

la vénération qui lui était portée

JGuarrigues :

et pourtant bah cette vénération

JGuarrigues :

elle existe

JGuarrigues :

elle émane de

JGuarrigues :

catégories

JGuarrigues :

très différentes

JGuarrigues :

elle vient d'intellectuels

JGuarrigues :

elle vient beaucoup aussi des Etats-Unis d'ailleurs

JGuarrigues :

où il est considéré comme le superman

JGuarrigues :

hein qui va résoudre

JGuarrigues :

euh tous les problèmes

JGuarrigues :

de la France et peut-être

JGuarrigues :

et peut-être du monde

JGuarrigues :

et elle est tout à fait fascinante

JGuarrigues :

elle s'enracine

JGuarrigues :

bien sûr dans un discours euh

JGuarrigues :

très ancien euh

JGuarrigues :

un discours d'Ancien Régime

JGuarrigues :

issu de la tradition chrétienne

JGuarrigues :

du culte du mon- du monarque

JGuarrigues :

mais ce qui est intéressant c'est de voir comment

JGuarrigues :

à cette

JGuarrigues :

imprégnation chrétienne se superposent

JGuarrigues :

progressivement toutes les strates

JGuarrigues :

de représentations

JGuarrigues :

mentales

JGuarrigues :

euh qui sont associées

JGuarrigues :

à la construction

JGuarrigues :

de ce que j'appellerais

JGuarrigues :

de ce que certains historiens appellent

JGuarrigues :

l'écosystème républicain

JGuarrigues :

à chaque période ce

JGuarrigues :

ce répertoire s'enrichit

JGuarrigues :

à l'invariant

JGuarrigues :

s'agrège le contextuel

JGuarrigues :

et ça c'est vraiment

JGuarrigues :

très intéressant

JGuarrigues :

on voit des journées

JGuarrigues :

des lieux des rituels

JGuarrigues :

qui euh

JGuarrigues :

euh constituent cette idolâtrie

JGuarrigues :

euh du euh

JGuarrigues :

et qui au fond

JGuarrigues :

sont intéressantes pourquoi ?

JGuarrigues :

parce que au-delà

JGuarrigues :

de l'homme providentiel elles nous éclairent sur la société elle-même

JGuarrigues :

sur la demande sociale

JGuarrigues :

à un moment donné

JGuarrigues :

sur la façon dont on est prêts ou non

JGuarrigues :

à

JGuarrigues :

recevoir

JGuarrigues :

euh une figure de sauveur

JGuarrigues :

d'où se dégage une autre chronologie

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] une chronologie

JGuarrigues :

différente

JGuarrigues :

ou du moins

JGuarrigues :

une typologie

JGuarrigues :

avec des figures de rédemption

JGuarrigues :

c'est ainsi que

JGuarrigues :

Napoléon premier

JGuarrigues :

dans le discours

JGuarrigues :

euh je dirais

JGuarrigues :

d'idolâtrie qui est porté sur lui

JGuarrigues :

apparaît comme un

JGuarrigues :

héros rédempteur

JGuarrigues :

euh la religiosité la mystique

JGuarrigues :

et la rédemption sont fondamentales

JGuarrigues :

dans le discours

JGuarrigues :

sur Napoléon premier

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

Louis Napoléon

JGuarrigues :

c'est le restaurateur rédempteur

JGuarrigues :

hm il reprend l'héritage de

JGuarrigues :

de tonton

JGuarrigues :

et puis

JGuarrigues :

tonton

JGuarrigues :

Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

[rire en fond:noise:instantaneous]

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

et puis y a

JGuarrigues :

et puis y a la figure pétainiste

JGuarrigues :

la figure pétainiste qui s'inscrit

JGuarrigues :

dans cette tradition

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

inutile de de

JGuarrigues :

d'insister sur ce qu'a pu être la religiosité

JGuarrigues :

euh du

JGuarrigues :

du pétainisme

JGuarrigues :

il est le protecteur rédempteur

JGuarrigues :

il est le protecteur

JGuarrigues :

mais celui qui va surtout

JGuarrigues :

assurer la rédemption de la société française

JGuarrigues :

qui s'est perdue dans l'esprit de jouissance du Front populaire

JGuarrigues :

bon

JGuarrigues :

vous avez des figures qui sont

JGuarrigues :

pas du tout des rédempteurs qui sont des figures de patriotisme

JGuarrigues :

comme Gambetta

JGuarrigues :

comme Clémenceau

JGuarrigues :

comme le de Gaulle de dix-neuf cent quarante

JGuarrigues :

vous avez des figures de protection

JGuarrigues :

comme Thiers

JGuarrigues :

le Washington français dit-on à l'époque

JGuarrigues :

comme Poincaré comme Doumergue

JGuarrigues :

je vous en ai déjà parlé

JGuarrigues :

vous avez les figures de rénovation

JGuarrigues :

comme Pierre Mendès France

JGuarrigues :

ou comme le général de Gaulle en dix-neuf cent cinquante-huit

JGuarrigues :

bon

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

évidemment

JGuarrigues :

tout au long

JGuarrigues :

de ces

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

années

JGuarrigues :

[zannées:pronounce:instantaneous] de grâce

JGuarrigues :

y a quand même

JGuarrigues :

il faut le souligner

JGuarrigues :

un décalage entre la gauche et la droite

JGuarrigues :

y a une méfiance

JGuarrigues :

récurrente de

JGuarrigues :

la tradition de gauche

JGuarrigues :

qu'elle soit d'abord républicaine

JGuarrigues :

puis euh

JGuarrigues :

radicale et socialiste

JGuarrigues :

une méfiance récurrente

JGuarrigues :

envers

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

le

JGuarrigues :

cet état de grâce

JGuarrigues :

du sauveur

JGuarrigues :

des critiques

JGuarrigues :

des caricatures

JGuarrigues :

des polémiques

JGuarrigues :

autour de cette

JGuarrigues :

de cette image

JGuarrigues :

mais cette image

JGuarrigues :

s'impose

JGuarrigues :

alors combien de temps

JGuarrigues :

dure la grâce euh ?

JGuarrigues :

on a vu que pour certains euh

JGuarrigues :

comme Nicolas Sarkozy elle a t-

JGuarrigues :

finalement été assez assez brève assez éphémère

JGuarrigues :

mais était-il véritablement un homme providentiel ?

JGuarrigues :

c'est toute la question

JGuarrigues :

ce qui est tout aussi intéressant

JGuarrigues :

c'est

JGuarrigues :

euh c'est ce qui suit

JGuarrigues :

c'est-à-dire

JGuarrigues :

le moment

JGuarrigues :

où

JGuarrigues :

le sauveur s'en va

JGuarrigues :

voir le moment où il disparaît

JGuarrigues :

de la surface de la terre

JGuarrigues :

et où se construit sa mythologie

JGuarrigues :

sa légende

JGuarrigues :

euh c'est ce que de Gaulle dit euh

JGuarrigues :

en avril dix-neuf cent soixante-neuf à son

JGuarrigues :

l'un de ses proches l'un de ses fidèles

JGuarrigues :

Jean de Lipkowski son

JGuarrigues :

à l'époque secrétaire d'état et lui dit

JGuarrigues :

c'est vrai les Français ne veulent plus de Gaulle

JGuarrigues :

il a compris qu'il va perdre

JGuarrigues :

le référendum

JGuarrigues :

mais le mythe

JGuarrigues :

vous allez voir la croissance du mythe

JGuarrigues :

dans trente ans d'ici

JGuarrigues :

parole prophétique

JGuarrigues :

puisqu'aujourd'hui euh

JGuarrigues :

le mythe gaullien est un des

JGuarrigues :

deux grands mythes

JGuarrigues :

de

JGuarrigues :

l'historiographie française

JGuarrigues :

hein et il n'est que de voir que

JGuarrigues :

que

JGuarrigues :

l'abondance

JGuarrigues :

[abondan:pronounce:instantaneous] des ouvrages

JGuarrigues :

publiés autour du Général

JGuarrigues :

euh qui n'a qui n'ont d'égal que ceux publiés

JGuarrigues :

sur euh

JGuarrigues :

Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

et donc c'est un trait commun

JGuarrigues :

à tous nos hommes providentiels

JGuarrigues :

que de penser à la postérité de leur mythe

JGuarrigues :

persuadés qu'ils sont

JGuarrigues :

que l'histoire

JGuarrigues :

euh qu'ils se confondent d'ailleurs bien souvent avec la mémoire collective

JGuarrigues :

voir avec leur légende

JGuarrigues :

va leur donner raison dans le futur

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

j'ai confiance dans l'histoire

JGuarrigues :

et quand c'est d'elle seule qu'on attend le jugement suprême

JGuarrigues :

les diffamations les calomnies

JGuarrigues :

passent sans vous effleurer

JGuarrigues :

c'est ce qu'écrit Léon Gambetta à son père

JGuarrigues :

juste après

JGuarrigues :

euh qu'une classe politique

JGuarrigues :

euh ingrate

JGuarrigues :

l'ait obligé à à à démissionner

JGuarrigues :

n'y avait pas d'homme providentiel sans son mythe

JGuarrigues :

et euh c'est une entreprise qui commence au moment

JGuarrigues :

même

JGuarrigues :

où euh

JGuarrigues :

il s'efface de la scène publique

JGuarrigues :

et là j'ai beaucoup travaillé dans ce livre

JGuarrigues :

sur le moment du deuil

JGuarrigues :

sur le moment de la séparation

JGuarrigues :

du euh

JGuarrigues :

à travers euh les enterrements

JGuarrigues :

faut voir ce qu'ont été

JGuarrigues :

les enterrements

JGuarrigues :

de Thiers

JGuarrigues :

ou de Gambetta

JGuarrigues :

hein ça a été des cérémonies grandioses

JGuarrigues :

d'autocélébration républicaine

JGuarrigues :

mais

JGuarrigues :

dominées

JGuarrigues :

et c'est ça qui est très intéressant en filigrane

JGuarrigues :

par cette religiosité

JGuarrigues :

par ce culte

JGuarrigues :

il n'est de voir que les

JGuarrigues :

les milliers de lettres

JGuarrigues :

envoyées au général de Gaulle lorsqu'il s'en va

JGuarrigues :

en avril dix-neuf cent soixante-neuf

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

véritablement

JGuarrigues :

il s'agit là de déchirements

JGuarrigues :

il s'agit de

JGuarrigues :

de séparation euh

JGuarrigues :

euh familiale

JGuarrigues :

et il s'agit d'une séparation de type

JGuarrigues :

christique

JGuarrigues :

c'est encore plus net euh

JGuarrigues :

dans tout le courrier dans toute la correspondance envoyée à tante Yvonne à madame de Gaulle

JGuarrigues :

euh après la disparition du général de Gaulle

JGuarrigues :

là encore

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

vous avez un registre un vocabulaire une religiosité

JGuarrigues :

qui sont tout à fait spectaculaires

JGuarrigues :

je passe surtout les artisans et

JGuarrigues :

et les fabricants de cette mythologie

JGuarrigues :

mais

JGuarrigues :

ce qui est plus intéressant au fond

JGuarrigues :

c'est de se demander pourquoi

JGuarrigues :

pourquoi dans cette France contemporaine

JGuarrigues :

modèle

JGuarrigues :

modèle

JGuarrigues :

ou l'un des grands modèles de la démocratie ou qui

JGuarrigues :

prétendait à

JGuarrigues :

à tel

JGuarrigues :

euh pourquoi euh

JGuarrigues :

euh ce

JGuarrigues :

ce cette thématique-là de l'homme providentiel du

JGuarrigues :

au fond du

JGuarrigues :

du monarque

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

est revenue euh

JGuarrigues :

euh si si souvent

JGuarrigues :

alors y a

JGuarrigues :

beaucoup de

JGuarrigues :

évidemment de de raisons d'explications

JGuarrigues :

en premier lieu

JGuarrigues :

c'est quand même un aveu d'impuissance

JGuarrigues :

c'est l'aveu d'impuissance

JGuarrigues :

le témoignage de l'incapacité de

JGuarrigues :

euh de notre société à résoudre

JGuarrigues :

ensemble

JGuarrigues :

un certain nombre de problèmes qui se posent à elle

JGuarrigues :

c'est une déficience démocratique

JGuarrigues :

une déficience démocratique qu'on peut comprendre dans des situations de défaites

JGuarrigues :

militaires

JGuarrigues :

ou d'occupations étrangères quand

JGuarrigues :

tous les repères explosent

JGuarrigues :

quand la débâcle

JGuarrigues :

la défaite l'exode euh

JGuarrigues :

euh s'emparent de euh

JGuarrigues :

de la société

JGuarrigues :

et c'est là qu'apparaissent les sauveurs de guerre

JGuarrigues :

tout ça on peut le comprendre

JGuarrigues :

on peut comprendre

JGuarrigues :

l'engouement pour Pétain en dix-neuf cent quarante

JGuarrigues :

mais c'est plus étonnant

JGuarrigues :

de recourir à cette figure symbolique du sauveur

JGuarrigues :

lorsque au fond l'identité de la France n'est pas menacée lorsque la crise

JGuarrigues :

finalement peut apparaître comme

JGuarrigues :

marginale

JGuarrigues :

ou surmontable

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

c'est pourtant ce qui est arrivé

JGuarrigues :

par exemple à la seconde République

JGuarrigues :

euh qui s'est

JGuarrigues :

jetée dans les bras

JGuarrigues :

de Louis Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

parce que c'était la crise

JGuarrigues :

parce que les républicains au pouvoir n'arrivaient pas à résoudre un certain nombre

JGuarrigues :

de problèmes économiques et sociaux qui se posaient à la France

JGuarrigues :

c'est ce qui est arrivé

JGuarrigues :

à la troisième République

JGuarrigues :

en dix-huit cent euh

JGuarrigues :

quatre-vingt-huit dix-huit ent quatre-vingt-neuf

JGuarrigues :

lorsqu'on fait appel

JGuarrigues :

à une sorte de

JGuarrigues :

hm

JGuarrigues :

d'hurluberlu le mot est un peu fort

JGuarrigues :

mais de personnage

JGuarrigues :

plus ou moins faible

JGuarrigues :

politiquement qu'est le général Boulanger ministre de la guerre

JGuarrigues :

et qui euh

JGuarrigues :

en quelques mois devient l'homme de la revanche sur l'Allemagne

JGuarrigues :

ça pose quand même des

JGuarrigues :

des questionnements euh

JGuarrigues :

à quoi ont servi les

JGuarrigues :

les les vingt années les vingt-cinq années de

JGuarrigues :

de troisième République ?

JGuarrigues :

à quoi ont servi euh

JGuarrigues :

à quoi a servi tout l'héritage

JGuarrigues :

de la Révolution française ?

JGuarrigues :

si c'est pour se jeter pieds et poings liés

JGuarrigues :

entre les mains

JGuarrigues :

de ce Général

JGuarrigues :

Revanche

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

c'est une question qui

JGuarrigues :

qui est

JGuarrigues :

qui se pose

JGuarrigues :

euh incontestablement

JGuarrigues :

à la société française

JGuarrigues :

l'homme providentiel apparaît comme une sorte de

JGuarrigues :

mode de régulation plus ou moins périodique

JGuarrigues :

plus ou moins cyclique

JGuarrigues :

de nos antagonismes sociaux

JGuarrigues :

et politiques

JGuarrigues :

oh ce que je dis là euh

JGuarrigues :

euh recoupe

JGuarrigues :

les travaux d'un

JGuarrigues :

euh historien et

JGuarrigues :

et politologue célèbre qui s'appelle Pierre Rosanvallon

JGuarrigues :

hein qui ne cesse

JGuarrigues :

de dénoncer précisément

JGuarrigues :

ces déficiences

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

ce manque de dialogue entre l'Etat et le corps social français

JGuarrigues :

les carences de l'esprit de négociation et de compromis

JGuarrigues :

dans la société française

JGuarrigues :

notre histoire est celle d'un affrontement binaire

JGuarrigues :

d'un affrontement dramatisé

JGuarrigues :

euh d'une tension

JGuarrigues :

plutôt que du consensus ou

JGuarrigues :

de la révolution plutôt que de la réforme

JGuarrigues :

mais mais

JGuarrigues :

c'est aussi parce que cette histoire-là

JGuarrigues :

cette histoire contemporaine

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

de nos déficients démocratiques

JGuarrigues :

elle s'adosse à des héritages

JGuarrigues :

elle s'adosse

JGuarrigues :

à une histoire

JGuarrigues :

et le poids de ces héritages il est très important évidemment

JGuarrigues :

c'est pas

JGuarrigues :

à mes collègues euh médiévistes euh

JGuarrigues :

euh &antiquistes ou euh

JGuarrigues :

ou modernistes

JGuarrigues :

que je vais l'apprendre

JGuarrigues :

la permanence de ce sentiment monarchique

JGuarrigues :

enraciné depuis des siècles

JGuarrigues :

dans l'histoire de la France

JGuarrigues :

hé ben évidemment elle est très prégnante

JGuarrigues :

dans l'aventure de l'homme

JGuarrigues :

providentiel

JGuarrigues :

euh Bonaparte

JGuarrigues :

vous le savez a opéré une sorte de fusion politique

JGuarrigues :

entre la tradition monarchique

JGuarrigues :

et les valeurs issues de la

JGuarrigues :

de la Révolution française

JGuarrigues :

il incarne précisément cette

JGuarrigues :

fusion entre

JGuarrigues :

fusion symbolique entre le héros républicain et le monarque d'Ancien Régime

JGuarrigues :

et à partir de lui

JGuarrigues :

ce balancement est

JGuarrigues :

est récurrent

JGuarrigues :

et il nourrit notre imaginaire euh

JGuarrigues :

national

JGuarrigues :

avec évidemment associée à cette figure du monarque absolutiste

JGuarrigues :

euh la dimension religieuse

JGuarrigues :

du droit divin

JGuarrigues :

c'est pourquoi la fascination de l'homme providentiel

JGuarrigues :

est

JGuarrigues :

avant tout une mystique

JGuarrigues :

messianique et je dirais

JGuarrigues :

aussi bien dans nos

JGuarrigues :

son eschatologie

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

que dans sa liturgie elle-même

JGuarrigues :

et c'est ça qui

JGuarrigues :

je le répète

JGuarrigues :

est très troublant

JGuarrigues :

il est troublant de constater à quel point

JGuarrigues :

euh cette religiosité

JGuarrigues :

véritablement

JGuarrigues :

est présente

JGuarrigues :

tout au long de notre histoire

JGuarrigues :

contemporaine

JGuarrigues :

et que

JGuarrigues :

des purs républicains je l'ai dit tout à l'heure

JGuarrigues :

n'échappent pas

JGuarrigues :

à cette imprégnation euh

JGuarrigues :

mystique

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

y a un autre élément d'héritage qui est incontestable

JGuarrigues :

c'est ce que Claude Lefort

JGuarrigues :

a décrit comme le lieu vide de la

JGuarrigues :

de la démocratie

JGuarrigues :

c'est-à-dire

JGuarrigues :

alors il dit

JGuarrigues :

impossible à occuper

JGuarrigues :

tels que ceux qui exercent l'autorité publique ne sauraient prétendre se l'approprier

JGuarrigues :

c'est-à-dire que

JGuarrigues :

la République

JGuarrigues :

je dirais par essence

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

peine à s'incarner

JGuarrigues :

hein c'est ce que dit d'ailleurs Jacques Julliard

JGuarrigues :

dans un autre euh

JGuarrigues :

ouvrage

JGuarrigues :

que je cite

JGuarrigues :

la volonté générale a besoin d'être incarnée

JGuarrigues :

et le peuple a besoin de toucher du doigt

JGuarrigues :

sa propre souveraineté

JGuarrigues :

y a donc une tension

JGuarrigues :

presque mécanique

JGuarrigues :

vers l'incarnation

JGuarrigues :

du politique

JGuarrigues :

donc

JGuarrigues :

vers l'homme

JGuarrigues :

providentiel

JGuarrigues :

et la République elle a besoin de

JGuarrigues :

héros

JGuarrigues :

pour s'identifier

JGuarrigues :

elle a besoin de héros depuis

JGuarrigues :

depuis le Panthéon depuis la Révolution française

JGuarrigues :

depuis les héros de papier euh

JGuarrigues :

que

JGuarrigues :

décrivait euh

JGuarrigues :

euh l'historien Jean-Claude Bonnet

JGuarrigues :

donc cette ritualisation

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

cultuelle je dirais

JGuarrigues :

du héros républicain

JGuarrigues :

euh fonctionne

JGuarrigues :

et elle est inspirée et elle est héritée de la Révolution ranç- française

JGuarrigues :

comme une sorte de sas voyez

JGuarrigues :

d'initiation

JGuarrigues :

vers cette figure vers cette pratique

JGuarrigues :

tout se rejoint

JGuarrigues :

vous avez

JGuarrigues :

la pratique d'Ancien Régime

JGuarrigues :

l'héritage de l'Ancien Régime

JGuarrigues :

vous avez

JGuarrigues :

l'incapacité

JGuarrigues :

à résoudre collectivement les problèmes

JGuarrigues :

et puis

JGuarrigues :

[pouis:pronounce:instantaneous] vous avez cette

JGuarrigues :

ce besoin d'identification

JGuarrigues :

de la République

JGuarrigues :

à un héros

JGuarrigues :

à une figure euh

JGuarrigues :

euh de sauveur républicain ou patriotique

JGuarrigues :

alors la question

JGuarrigues :

une autre question qui se pose c'est de savoir si

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] il s'agit véritablement d'un mythe

JGuarrigues :

est-ce que c'est simplement un mythe ?

JGuarrigues :

sous prétexte qu'il est refusé par des familles de pensées fort légitimement

JGuarrigues :

pour ses dérives

JGuarrigues :

euh est-ce qu'on ne peut pas considérer en tout cas

JGuarrigues :

c'est la question que je me suis posée

JGuarrigues :

au terme d'une étude

JGuarrigues :

qui n'arrêtait pas d'empiler les

JGuarrigues :

les exemples

JGuarrigues :

d'hommes providentiels

JGuarrigues :

est-ce qu'on ne peut pas considérer que la réalité du phénomène

JGuarrigues :

l'emporte

JGuarrigues :

sur sa dimension

JGuarrigues :

je dirais fictionnelle

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

la fabrication de l'homme providentiel c'est incontestable s'appuie sur

JGuarrigues :

la production d'un récit

JGuarrigues :

ce récit

JGuarrigues :

il est

JGuarrigues :

très

JGuarrigues :

très nettement légendaire il est très souvent fantasmé

JGuarrigues :

il suscite l'émotion il suscite le rêve

JGuarrigues :

bon

JGuarrigues :

oui mais

JGuarrigues :

l'incarnation

JGuarrigues :

l'incarnation de l'homme providentiel

JGuarrigues :

elle apparaît bien souvent comme un moteur

JGuarrigues :

de notre histoire

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

alors je pourrais vous citer François Mauriac

JGuarrigues :

l'abus quand d'autres temps on a fait

JGuarrigues :

alors

JGuarrigues :

François Mauriac

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

observateur

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

subjectif

JGuarrigues :

puisqu'admirateur du général de Gaulle mais tout de même

JGuarrigues :

l'abus qu'en d'autres temps on a fait de l'expression

JGuarrigues :

homme providentiel l'a rendue ridicule

JGuarrigues :

il l'admet

JGuarrigues :

il n'empêche que l'histoire à certaines heures

JGuarrigues :

a toujours secrété

JGuarrigues :

elle-même

JGuarrigues :

pour le mal comme pour le bien

JGuarrigues :

l'homme par qui elle devait s'accomplir

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

et là

JGuarrigues :

ça pose évidemment un problème

JGuarrigues :

ça pose un problème

JGuarrigues :

à la démocratie

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

comme le dit là encore Jacques Julliard

JGuarrigues :

qu'on ne peut pas soupçonner d'être un antidémocrate

JGuarrigues :

dans la

JGuarrigues :

plupart des cas le leader

JGuarrigues :

dans son tête à tête avec les masses

JGuarrigues :

a mieux perçu

JGuarrigues :

les aspirations inconscientes

JGuarrigues :

que les assemblées

JGuarrigues :

toujours polarisées par leurs mécanismes institutionnels

JGuarrigues :

et leur dynamique interne

JGuarrigues :

ah la ça pose un problème au

JGuarrigues :

au

JGuarrigues :

au l'admirateur de la troisième République que je suis

JGuarrigues :

à l'admirateur de la démocratie parlementaire

JGuarrigues :

serait-elle euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

déficiente

JGuarrigues :

par rapport à cette incarnation

JGuarrigues :

plus ou moins

JGuarrigues :

religieuse et plus ou moins monarchique

JGuarrigues :

alors là je dis attention

JGuarrigues :

attention

JGuarrigues :

à la géographie

JGuarrigues :

ne pas tomber dans l'excès inverse

JGuarrigues :

et l'essentiel au fond

JGuarrigues :

du propos

JGuarrigues :

et qui est le mien

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] est de démontrer à quel point

JGuarrigues :

euh cette fabrication

JGuarrigues :

légendaire et mythologique

JGuarrigues :

euh souvent édifiée d'ailleurs

JGuarrigues :

j'ai essayé de le montrer dans le livre

JGuarrigues :

sur le mensonge

JGuarrigues :

le travestissement

JGuarrigues :

de la réalité

JGuarrigues :

voir sur l'omission

JGuarrigues :

hé bien

JGuarrigues :

suscite

JGuarrigues :

euh des dérives

JGuarrigues :

suscite des dérives

JGuarrigues :

populistes

JGuarrigues :

comme le boulangismes

JGuarrigues :

comme le poujadisme

JGuarrigues :

faut voir à quel point euh

JGuarrigues :

euh Pierre Poujade appartenait

JGuarrigues :

euh euh euh

JGuarrigues :

apparaissait

JGuarrigues :

à ses partisans et à une partie de la société française

JGuarrigues :

du milieu des années cinquante

JGuarrigues :

comme une sorte d'homme providentiel

JGuarrigues :

adulé par les foules

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

et comme c'était un grand tribun euh

JGuarrigues :

l'adulation euh

JGuarrigues :

était démultipliée

JGuarrigues :

faut toujours se méfier des

JGuarrigues :

des tribuns

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

mais ça peut dé-

JGuarrigues :

dégénérer aussi ça peut euh

JGuarrigues :

euh simplement euh

JGuarrigues :

euh dévier sur des excès

JGuarrigues :

les excès de l'autoritarisme gaullien par exemple

JGuarrigues :

qui sont incontestables

JGuarrigues :

et puis sur des dictatures

JGuarrigues :

hm incontestable aussi que

JGuarrigues :

les deux Empires

JGuarrigues :

en tout cas euh

JGuarrigues :

la première partie du

JGuarrigues :

du Second Empire l'Empire autoritaire

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

et puis le pétainisme

JGuarrigues :

ont été des régimes de de dictature

JGuarrigues :

est-ce que l'homme providentiel est

JGuarrigues :

est une fascination de droite ?

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

c'est une question là aussi

JGuarrigues :

y a une défiance de la gauche envers l'homme providentiel

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

ce que disait par exemple euh

JGuarrigues :

François Mitterrand

JGuarrigues :

en dix-neuf cent soixante-sept

JGuarrigues :

la vilaine droite a trouvé dans le général son grand homme fort

JGuarrigues :

qu'elle a manqué avec Boulanger et Pétain

JGuarrigues :

c'est pas gentil

JGuarrigues :

c'est pas gentil mais

JGuarrigues :

il avait déjà écrit euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

en dix-neuf cent soixante-quatre

JGuarrigues :

un pamphlet qui était encore plus euh

JGuarrigues :

euh virulent

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] et c'est vrai

JGuarrigues :

c'est vrai

JGuarrigues :

qu'historiquement

JGuarrigues :

la tentation du sauveur à poigne

JGuarrigues :

s'est quand même euh

JGuarrigues :

épanouie euh

JGuarrigues :

à droite

JGuarrigues :

au vingtième siècle

JGuarrigues :

c'est plutôt à droite qu'on trouve

JGuarrigues :

cette tentation de Poincaré à

JGuarrigues :

euh au général de Gaulle

JGuarrigues :

mais en même temps

JGuarrigues :

on peut rappeler qu'un homme

JGuarrigues :

comme euh

JGuarrigues :

Napoléon Bonaparte quand il arrive au pouvoir

JGuarrigues :

s'impose aussi bien

JGuarrigues :

aux royalistes qu'aux jacobins

JGuarrigues :

que les adversaires les plus virulents de Gambetta

JGuarrigues :

et d'Adolphe Thiers

JGuarrigues :

sont précisément les monarchistes

JGuarrigues :

Gambetta et Thiers

JGuarrigues :

sont des hommes

JGuarrigues :

[haume:pronounce:instantaneous]

JGuarrigues :

sont des hommes pardon

JGuarrigues :

de gauche à l'époque

JGuarrigues :

alors plus ou moins radicale

JGuarrigues :

mais ils apparaissent comme des hommes de gauche

JGuarrigues :

de même que Clémenceau ou Pierre Mendès France

JGuarrigues :

donc

JGuarrigues :

voyez les choses

JGuarrigues :

ne sont pas

JGuarrigues :

ne sont pas

JGuarrigues :

très très très hm euh

JGuarrigues :

faciles

JGuarrigues :

à démêler dans cette histoire de l'homme providentiel

JGuarrigues :

quid

JGuarrigues :

et ce sera ma dernière question

JGuarrigues :

de l'actualité de ce phénomène

JGuarrigues :

alors c'est très frappant et là bon il se trouve que

JGuarrigues :

quelquefois euh

JGuarrigues :

les journalistes

JGuarrigues :

de toutes sortes

JGuarrigues :

me euh

JGuarrigues :

sollicitent

JGuarrigues :

pour euh donner mon avis sur la campagne présidentielle

JGuarrigues :

j'ai pas toujours des choses très

JGuarrigues :

très originales à dire

JGuarrigues :

et puis je leur signale que je suis historien et

JGuarrigues :

pas journaliste

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

et encore moins prophète

JGuarrigues :

mais ça bon

JGuarrigues :

c'est c'est euh

JGuarrigues :

ou devin

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

simplement

JGuarrigues :

ce qui est très frappant c'est qu'en deux mille sept

JGuarrigues :

y a eu un moment

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] où euh

JGuarrigues :

est apparu une sorte de trio référentiel de l'homme providentiel

JGuarrigues :

c'est-à-dire que

JGuarrigues :

vous avez

JGuarrigues :

trois grands candidats

JGuarrigues :

à l'élection présidentielle

JGuarrigues :

qui font ressurgir

JGuarrigues :

cette mythologie

JGuarrigues :

euh providentialiste

JGuarrigues :

euh pour simplifier

JGuarrigues :

Nicolas Sarkozy le nouveau Bonaparte

JGuarrigues :

le l'énergique

JGuarrigues :

l'homme de la rupture et d'ailleurs

JGuarrigues :

i- il se fait euh

JGuarrigues :

y a y a des

JGuarrigues :

des dessins qui le montrent euh

JGuarrigues :

euh comme comme sur son sur son cheval au au Pont d'Arcole

JGuarrigues :

euh qui le montrent avec un bicorne et puis y a l'ouvrage de

JGuarrigues :

d'Alain Duhammel euh

JGuarrigues :

peut euh

JGuarrigues :

commentateur euh avisé de la chose politique euh le

JGuarrigues :

la la marche consulaire donc c'est

JGuarrigues :

c'est le premier consul bon

JGuarrigues :

et euh

JGuarrigues :

si on étudie de près la campagne de

JGuarrigues :

de euh

JGuarrigues :

euh Sarkozy en

JGuarrigues :

en deux mille sept elle est pleine de ces référents

JGuarrigues :

à l'homme providentiel

JGuarrigues :

vous avez aussi Jeanne d'Arc

JGuarrigues :

Ségolène Royal

JGuarrigues :

c'est Jeanne d'Arc

JGuarrigues :

c'est l'immaculée

JGuarrigues :

[inaculée:pronounce:instantaneous] conception

JGuarrigues :

c'est euh

JGuarrigues :

la femme seule face aux

JGuarrigues :

aux mammouths aux éléphants du

JGuarrigues :

du Parti socialiste celle qui plane euh

JGuarrigues :

euh sur le

JGuarrigues :

sur la foule qui l'acclame dans les euh

JGuarrigues :

dans les meetings

JGuarrigues :

euh celle qui va euh

JGuarrigues :

euh enfin qui se fait photographier avec un agneau

JGuarrigues :

euh entre les mains

JGuarrigues :

telle la bergère de Domrémy

JGuarrigues :

bon les les

JGuarrigues :

si vous voulez

JGuarrigues :

les images ne sont pas innocentes dans une campagne électorale et tendent

JGuarrigues :

à faire rejouer cette mythologie

JGuarrigues :

[midologie:pronounce:instantaneous]

JGuarrigues :

et avec ce paradoxe que François Bayrou le candidat centriste

JGuarrigues :

rompant

JGuarrigues :

avec ce qui est au fond la

JGuarrigues :

la tradition du centrisme sous la cinquième République

JGuarrigues :

va lui-même

JGuarrigues :

se référer de façon très explicite

JGuarrigues :

à la dernière grande figure de référent

JGuarrigues :

euh providentiel qui est le général de Gaulle

JGuarrigues :

résister résistance

JGuarrigues :

ça revient sans arrêt dans son vocabulaire en deux mille sept

JGuarrigues :

et c'est autour de cette image qu'il construit

JGuarrigues :

sa campagne

JGuarrigues :

du troisième homme

JGuarrigues :

de de l'élection

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] alors c'est tout à fait euh

JGuarrigues :

c'est tout à fait euh troublant

JGuarrigues :

simplement euh

JGuarrigues :

ce qui est euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

ce que euh

JGuarrigues :

ce qu'est obligé de constater l'historien en confrontant

JGuarrigues :

ces images-là de deux mille sept

JGuarrigues :

et les images du passé

JGuarrigues :

c'est qu'au fond on est plutôt là

JGuarrigues :

dans les poussières du mythe

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

c'est-à-dire que

JGuarrigues :

au temps de l'incarnation héroïque

JGuarrigues :

hein d'un Gambetta d'un Clémenceau ou de Gaulle

JGuarrigues :

a succédé euh

JGuarrigues :

pour le moins celui de l'imitation

JGuarrigues :

hein ?

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

de la citation mémorielle

JGuarrigues :

ça la citation elle est

JGuarrigues :

elle est fréquente

JGuarrigues :

et je dirais autant du symbole euh

JGuarrigues :

euh celui de la familiarité

JGuarrigues :

et il n'est pas d'homme providentiel

JGuarrigues :

dans la familiarité

JGuarrigues :

du casse-toi pauvre

JGuarrigues :

[pauv':pronounce:instantaneous] con

JGuarrigues :

ou même du Flanby ou de

JGuarrigues :

ou du candidat de la normalité

JGuarrigues :

ça peut être un bien ou ça peut être un mal

JGuarrigues :

mais en tout cas

JGuarrigues :

ça n'est pas

JGuarrigues :

possible

JGuarrigues :

donc au fond

JGuarrigues :

euh il peut y avoir récurrence

JGuarrigues :

résurgence de cette mythologie de l'homme providentiel aujourd'hui

JGuarrigues :

mais euh

JGuarrigues :

comme

JGuarrigues :

je dirais une partie de ce

JGuarrigues :

de ce storytelling

JGuarrigues :

permanent

JGuarrigues :

hein de ce feuilleton politique très aseptisé

JGuarrigues :

qu'on nous sert

JGuarrigues :

euh à longueur de temps

JGuarrigues :

et de

JGuarrigues :

d'élections présidentielles c'est

JGuarrigues :

c'est un épisode parmi d'autres

JGuarrigues :

et d'ailleurs

JGuarrigues :

épisode euh un peu tragique

JGuarrigues :

de l'homme providentiel de deux mille onze

JGuarrigues :

euh aux initiales qui rappelaient un autre homme providentiel

JGuarrigues :

c- l'homme providentiel américain JFK

JGuarrigues :

hein ça n'est pas un hasard

JGuarrigues :

l'homme de l'extériorité

JGuarrigues :

l'homme qui nous venait des Etats-Unis et fort de son expertise

JGuarrigues :

et qui euh

JGuarrigues :

bon c'est

JGuarrigues :

dont dont l'image dans la mythologie s'est un peu

JGuarrigues :

écroulée sous le poids de

JGuarrigues :

d'aut- de contingences

JGuarrigues :

qui nous appartient pas ici

JGuarrigues :

de d'analyser

JGuarrigues :

alors euh

JGuarrigues :

voyez

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

[bb:noise:instantaneous] euh tout cela euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

c'est euh

JGuarrigues :

c'est un peu triste

JGuarrigues :

pour ce qui est est de

JGuarrigues :

l'analyse civique

JGuarrigues :

de euh

JGuarrigues :

l'histoire de l'homme providentiel

JGuarrigues :

il n'en reste pas moins que

JGuarrigues :

au-delà de tous ces clivages mémoriels

JGuarrigues :

au-delà des constats euh

JGuarrigues :

euh les plus actuels

JGuarrigues :

au-delà des familles de

JGuarrigues :

de de pensées au-delà des batailles de mémoire

JGuarrigues :

hein qui opposent la gauche à la droite

JGuarrigues :

les populistes euh

JGuarrigues :

euh au euh

JGuarrigues :

aux bonapartistes aux césariens euh

JGuarrigues :

y a euh

JGuarrigues :

y a cette ligne

JGuarrigues :

cette ligne récurrente

JGuarrigues :

euh d'adhésion ou de référence

JGuarrigues :

à euh cet homme

JGuarrigues :

providentiel

JGuarrigues :

qui au fond

JGuarrigues :

euh hm

JGuarrigues :

inscrit

JGuarrigues :

l'histoire politique

JGuarrigues :

dans un champ

JGuarrigues :

qui n'est pas celui

JGuarrigues :

des historiens du politique

JGuarrigues :

ou des historiens euh

JGuarrigues :

ou des politologues

JGuarrigues :

et encore moins peut-être celui des politologues

JGuarrigues :

c'est celui précisément

JGuarrigues :

du discours

JGuarrigues :

celui de la littérature

JGuarrigues :

celui de la représentation

JGuarrigues :

celui de l'imaginaire

JGuarrigues :

et si vous voulez

JGuarrigues :

pour moi

JGuarrigues :

cette euh ce travail

JGuarrigues :

sur

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

les les hommes providentiels

JGuarrigues :

bah ça a été ma porte d'entrée

JGuarrigues :

dans

JGuarrigues :

euh ce laboratoire Pollen

JGuarrigues :

euh qui est euh

JGuarrigues :

je le pense une des forces vives

JGuarrigues :

de l'université d'Orléans

JGuarrigues :

en vous remerciant

JGuarrigues :

[applaude:noise:instantaneous]

CBruneau:

des questions ?

CBruneau:

bien

CBruneau:

y a des questions ?

CBruneau:

merci euh

CBruneau:

Jean

CBruneau:

donc euh

CBruneau:

certainement nous allons

CBruneau:

avoir quelques questions

CBruneau:

qui euh voilà

CBruneau:

première question

PF932:

merci Christian

PF932:

merci Jean

PF932:

euh y a une des pistes les y en a

PF932:

tellement mais

PF932:

une des pistes les plus intéressantes je pense que tu ouvres

PF932:

c'est celle de la relation euh parlementarisme homme providentiel

PF932:

puisque tu as cité tout à l'heure

PF932:

Gambetta

PF932:

Clémenceau

PF932:

qui ont été

PF932:

tous les deux de très grands parlementaires et de

PF932:

enfin euh

PF932:

surtout Clémenceau très long parlementaire

PF932:

et pourtant

PF932:

aux deux on a reproché une forme de dictature

PF932:

pas au même moment de leur carrière mais

PF932:

euh au début si j'ose dire pour Gambetta

PF932:

enfin pendant la guerre de soixante-dix

PF932:

à la fin pour Clémenceau euh

PF932:

pendant une autre guerre

PF932:

euh est-ce que tu pourrais en dire plus là-dessus ?

PF932:

on pourrait aussi évoquer

PF932:

Pierre Mendès France ce que tu as fait

PF932:

Pierre Mendès France qui

PF932:

s'est condamné en quelque sorte lui-même

PF932:

en tout cas dans le système de la cinquième République

PF932:

à ne pas agir

PF932:

par refus

PF932:

euh du justement de la remise en cause du du parlementarisme

PF932:

et

PF932:

juste une petite remarque en plus

PF932:

tu évoquais euh les relations

PF932:

centrismes homme providentiel qui effectivement

PF932:

alors je suis beaucoup moins expert que toi là-dessus

PF932:

qui ne sont pas naturelles

PF932:

cependant

PF932:

Lecanuet

PF932:

en soixante-cinq

PF932:

le Kennedy français euh

PF932:

hein dents blanches

PF932:

bon

PF932:

joue

PF932:

le le thème d'un providentiel

PF932:

[conv:noise:instantaneous]

JGuarrigues :

oui po-

JGuarrigues :

pour commencer par la fin parce que y a énormément de choses dans ta dans ta question

JGuarrigues :

évidemment euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

je suis passé très très vite sur euh

JGuarrigues :

finalement ce

JGuarrigues :

ce moment de latence de l'homme providentiel entre euh

JGuarrigues :

les débuts de la cinquième République

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

le le le hm

JGuarrigues :

l'élection de deux mille sept

JGuarrigues :

mais euh

JGuarrigues :

euh le la thématique est revenue fréquemment euh

JGuarrigues :

monsieur X Gaston Defferre

JGuarrigues :

euh justement dans la préparation de l'élection de

JGuarrigues :

de dix-neuf cent soixante-cinq

JGuarrigues :

[i:noise:instantaneous] euh le c-

JGuarrigues :

effectivement l'image de Jean Lecanuet un peu sans surgit de rien

JGuarrigues :

et qui en quelques

JGuarrigues :

en quelques mois va va faire figure de

JGuarrigues :

là encore de de candidat potentiel

JGuarrigues :

à la rénovation

JGuarrigues :

au-delà de son score autour de un peu plus de quinze seize pour cent

JGuarrigues :

il va aller il va construire une image une vraie image là aussi de

JGuarrigues :

et alors j'aurais pu parler de François Mitterrand de ce qu'il a pu incarner euh

JGuarrigues :

en dix-neuf cent quatre-vingt-un

JGuarrigues :

de

JGuarrigues :

la ritualisation ou du culte

JGuarrigues :

euh au moment de

JGuarrigues :

la cérémonie du Panthéon euh culte

JGuarrigues :

auto-orchestré enfin par Jack Lang euh

JGuarrigues :

euh qui euh

JGuarrigues :

résonne effectivement comme un

JGuarrigues :

une euh

JGuarrigues :

je dirais une résurgence là encore de cette

JGuarrigues :

mythologie et je parle même pas des affiches

JGuarrigues :

de campagne de François Mitterrand

JGuarrigues :

qui évoquaient irrésistiblement

JGuarrigues :

euh l'homme providentiel de dix-neuf cent quarante

JGuarrigues :

le maréchal Pétain

JGuarrigues :

donc euh voilà

JGuarrigues :

et le rejeu est est permanent

JGuarrigues :

euh alors pour l'au-

JGuarrigues :

pour l'autre question évidemment

JGuarrigues :

euh ce qu'il faut bien voir c'est que euh

JGuarrigues :

y a toute euh

JGuarrigues :

toute une histoire des hommes providentiels qui refusent de l'être hein

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

le discours de Gambetta

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

et de Mendès France

JGuarrigues :

euh est un discours de

JGuarrigues :

refus permanent de la personnalisation de

JGuarrigues :

du sacre

JGuarrigues :

de de l'homme providentiel

JGuarrigues :

c'est un peu moins net chez euh chez Clémenceau

JGuarrigues :

mais Clémenceau euh

JGuarrigues :

en même temps euh

JGuarrigues :

au moment où il bou-

JGuarrigues :

disparaît du pouvoir

JGuarrigues :

refuse totalement euh

JGuarrigues :

euh cette image de

JGuarrigues :

de d'homme providentiel se refuse à

JGuarrigues :

incarner euh

JGuarrigues :

euh ou plutôt à

JGuarrigues :

à construire une mythologie euh

JGuarrigues :

euh même s'il le fait malgré tout en donnant un certain nombre d'interviews euh

JGuarrigues :

qui en suite construisent une une

JGuarrigues :

une image totalement déformée

JGuarrigues :

déformée du personnage lorsqu'il part aux Etats-Unis notamment

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

donc euh

JGuarrigues :

euh il y a

JGuarrigues :

malgré tout

JGuarrigues :

des différences

JGuarrigues :

hein y a des gens qui vont

JGuarrigues :

euh je dirais endosser

JGuarrigues :

sans aucun

JGuarrigues :

sans aucune peine

JGuarrigues :

les habits

JGuarrigues :

de l'homme providentiel parce que ça correspond aussi

JGuarrigues :

à une culture politique à une famille de pensée

JGuarrigues :

et puis d'autres

JGuarrigues :

qui vont les endosser presque malgré eux

JGuarrigues :

parce qu'ils correspondent à un moment donné

JGuarrigues :

à une espérance collective

JGuarrigues :

mais ce qui est fascinant

JGuarrigues :

c'est du côté

JGuarrigues :

de ceux qui regardent

JGuarrigues :

du côté

JGuarrigues :

du public

JGuarrigues :

du côté de l'opinion

JGuarrigues :

pardonne-moi Jean-Pierre je

JGuarrigues :

c'est une notion très

JGuarrigues :

très complexe tu es bien placé pour le

JGuarrigues :

pour le savoir mais

JGuarrigues :

euh euh du côté en tout cas

JGuarrigues :

de la France d'en bas comme disait euh Jean-Pierre Raffarin

JGuarrigues :

euh c'est

JGuarrigues :

c'est Raffarin qui disait ça ouais ?

JGuarrigues :

du côté de la France d'en bas

JGuarrigues :

euh c'est fascinant de de voir à quel point

JGuarrigues :

le

JGuarrigues :

le le vocabulaire messianique

JGuarrigues :

ressurgit

JGuarrigues :

y compris sur des personnalités

JGuarrigues :

euh qu'il refuse

CBruneau:

Bernard

CBruneau:

[pif:pronounce:instantaneous]

CBruneau:

ZR652:

oui euh merci Jean pour ce

ZR652:

cet exposé très brillant avec une conclusion extraordinaire hein

ZR652:

euh donc

ZR652:

[rire:noise:instantaneous]

ZR652:

non moi j'ai j'ai je je suis fasciné euh

ZR652:

euh tu l'as dit euh

ZR652:

tu l'as dit euh

ZR652:

finalement que

ZR652:

on n'échappe pas à l'histoire

ZR652:

on n'échappe jamais

ZR652:

à l'histoire

ZR652:

et de voir comment euh

ZR652:

tout au long de la période

ZR652:

qui te concerne

ZR652:

on voit ressurgir effectivement

ZR652:

ce qui a été une construction extrêmement méthodique

ZR652:

qui remonte pas à la Bible mais à la

ZR652:

à la réexploitation de certaines figures bibliques

ZR652:

[biblides:pronounce:instantaneous]

ZR652:

et qui se construit au Moyen-âge

ZR652:

essentiellement entre Phillipe Auguste

ZR652:

et Saint Louis

ZR652:

et alors c'est tout à fait intéressant parce que si on

ZR652:

on songe que Saint-Louis est mort en douze cent soixante-dix

ZR652:

euh on voit qu'il y a

ZR652:

le passé

ZR652:

de cette construction

ZR652:

de l'homme providentiel à travers la fonction royale

ZR652:

a beaucoup plus

ZR652:

d'assises historiques

ZR652:

que ce qui va se passer après

ZR652:

donc c'est pas étonnant qu'on ait ces ces résurgences

ZR652:

et alors parmi ces ces résurgences ce qui est tout à fait

ZR652:

intéressant c'est de voir

ZR652:

comment les systèmes de représentation sur lesquels tu as insistés

ZR652:

sont absolument essentiels

ZR652:

par exemple

ZR652:

euh Napoléon

ZR652:

va reprendre

ZR652:

euh des des éléments de représentation du mythe de Charlemagne

ZR652:

très précisément

ZR652:

y compris

ZR652:

euh dans

ZR652:

euh un art plus ou moins commandité autour de David et cetera

ZR652:

et dans les symboles de l'Empire

ZR652:

et alors ce qui est euh euh ce que je trouve

ZR652:

aussi intéressant par rapport

ZR652:

à à la très longue durée

ZR652:

c'est la question que tu poses par rapport à

ZR652:

euh la gauche une démocratie

ZR652:

qui va se retrouver dans des images euh

ZR652:

euh appartenant a priori

ZR652:

à une construction reposant sur le christianisme

ZR652:

or

ZR652:

le Moyen-âge justement a construit

ZR652:

euh une image de

ZR652:

du roi providentiel

ZR652:

en France

ZR652:

avec l'image du roi très chrétien

ZR652:

hein ?

ZR652:

euh avec toute

ZR652:

tout un vocabulaire tu v-

ZR652:

or si on regarde

ZR652:

l'histoire de de

ZR652:

de ce pouvoir qui s'appuie sur le roi très chrétien

ZR652:

euh le mythe du pouvoir de du euh

ZR652:

du du très grand christianisme du roi français

ZR652:

euh va

ZR652:

être utilisé dans la construction d'un pouvoir royal qui s'oppose le plus souvent

ZR652:

au pouvoir de l'Eglise

ZR652:

hein donc

ZR652:

cette cette espèce de paradoxe

ZR652:

est euh j'ai envie de dire in nihilo tempore

ZR652:

et euh

ZR652:

l'autre élément alors qui m'a frappé j'y avais jamais pensé

ZR652:

euh c'est

ZR652:

l'histoire de l'état

ZR652:

l'état de grâce

ZR652:

l'état de grâce qui s'inscrit dans la

ZR652:

petite durée

ZR652:

et qui fait penser évidemment

ZR652:

à euh à son équivalent

ZR652:

euh à travers le sacre

ZR652:

et la période qui suit le sacre de courte durée

ZR652:

où le roi est thaumaturge

ZR652:

où il guérit

ZR652:

les maladies il guérit des écrouelles

ZR652:

[ocruelles:pronounce:instantaneous]

ZR652:

les écrouelles et y a au-

ZR652:

y a toute une

ZR652:

euh une mystique populaire

ZR652:

qui est attachée au sacre

ZR652:

et j'y avais jamais pensé finalement

ZR652:

l'état de grâce est une espèce de résurgence mutatis mutandis

ZR652:

de cet élément-là

ZR652:

et ça c'est tout à fait passionnant effectivement

ZR652:

oui non mais

ZR652:

JGuarrigues :

tu as intérêt

JGuarrigues :

FL331:

en écoutant ta hm

FL331:

ton développement sur la

FL331:

la mythologie euh les mythes

FL331:

ça m'a rappelé un un pass-

FL331:

ça m'a rappelé je pense que ça m'a éclairé un passage

FL331:

d'une anthologie de

FL331:

Léon Daudet

FL331:

où il parle justement de Boulanger

FL331:

il parle tu tu connais ce passage

FL331:

où il parle de la boule d'or

FL331:

qui a échappé aux mains de Boulanger

FL331:

et cet objet

FL331:

lui-même

FL331:

est extrêmement intéressant parce que

FL331:

c'est une reprise de mythe

FL331:

hein on peut y voir l'orbe

FL331:

toutes les analyses possibles

FL331:

l'orbe

FL331:

entre les mains du souverain qui

FL331:

qui existe aussi avec Napoléon trois y a une

FL331:

espèce de boule quelque part

FL331:

euh

FL331:

et en même temps euh une image

FL331:

presque nietzschéenne ou une image euh

FL331:

sur le factum sur le temps

FL331:

qui

FL331:

qui serait bien du côté de la droite là du cône du coup

FL331:

bien sûr puisque c'est pour mettre bien entendu en cause

FL331:

le parlementarisme c'est

FL331:

il est pas du coup

FL331:

du tout du côté de

FL331:

dans la République parlementaire

FL331:

mais il observe

FL331:

très nettement des choses

FL331:

[chausses:pronounce:instantaneous]

FL331:

qu'il peut souhaiter

FL331:

et qui ne se produisent pas

FL331:

qui ne se produisent pas

FL331:

son maître d'ailleurs le déçoit régulièrement me semble-t-il

FL331:

mais enfin laissons ça de côté

FL331:

JGuarrigues :

oui ?

SG486:

vous avez à plusieurs re-

SG486:

pardon

SG486:

vous avez à plusieurs reprises fait le lien avec le populisme

SG486:

depuis les rois thaumaturges jusqu'à une époque très récente

SG486:

au fond c'est pas

SG486:

c'est

SG486:

c'est

SG486:

y a pas un petit peu de ça le refus des corps intermédiaires

SG486:

de ce qui peut

SG486:

c-

SG486:

voilà

SG486:

vous avez dit c'est une dérive

JGuarrigues :

oui

JGuarrigues :

euh je réponds mais

JGuarrigues :

avec celui-là

JGuarrigues :

pardon

JGuarrigues :

euh oui hé bah oui c'est bah

JGuarrigues :

donc pour revenir à ce que disait Bernard euh

JGuarrigues :

oui alors le

JGuarrigues :

tu parlais de de

JGuarrigues :

du roi thaumaturge

JGuarrigues :

alors c'est très frappant

JGuarrigues :

de voir nos hommes providentiels

JGuarrigues :

incarner cette fonction thaumaturgique

JGuarrigues :

c'est-à-dire que

JGuarrigues :

Pétain

JGuarrigues :

euh j- y- y a des récits des témoignages

JGuarrigues :

Pétain m'a touché la main il ma guérit euh

JGuarrigues :

euh c'est pas j- j'en j'en ai trouvé pour de Gaulle

JGuarrigues :

j'en avais trouvé pour évidemment pour euh

JGuarrigues :

euh Louis Napoléon Bonaparte

JGuarrigues :

où là on baigne dans une imprégnation chrétienne très

JGuarrigues :

très très forte

JGuarrigues :

mais c'est très c'est c'est très frappant

JGuarrigues :

bon

JGuarrigues :

je

JGuarrigues :

euh Jean-Pierre euh la boule d'or euh oui euh

JGuarrigues :

bien sûr euh

JGuarrigues :

bon je je bon je vais je vais

JGuarrigues :

[i:noise:instantaneous] euh

JGuarrigues :

mais Boulanger est un personnage très complexe euh

JGuarrigues :

et euh

JGuarrigues :

sa famille polit- enfin

JGuarrigues :

ce ce ce que lui reproche euh

JGuarrigues :

Léon Daudet euh

JGuarrigues :

la boule d'or c'est euh

JGuarrigues :

c'est l- c'est le coup d'état

JGuarrigues :

en fait euh c'est c'est

JGuarrigues :

c'est donc pas

FL331:

de pas saisir l'instant

JGuarrigues :

hein ?

FL331:

c'est de ne pas saisir l'in-

JGuarrigues :

c'est de ne pas saisir l'instant

JGuarrigues :

voilà c'est

FL331:

puisque le

FL331:

le

FL331:

[pif:pronounce:instantaneous] qui dit que

JGuarrigues :

oui

JGuarrigues :

oui oui

FL331:

c'est que les hommes en général

JGuarrigues :

oui

JGuarrigues :

tout à fait

FL331:

rencontre un moment la boule d'or

JGuarrigues :

exactement

JGuarrigues :

oui oui

JGuarrigues :

c'est un une thématique qu'on re-

FL331:

JGuarrigues :

qu'on retrouve euh

JGuarrigues :

c'est une thématique qu'on retrouve

JGuarrigues :

dans euh

JGuarrigues :

euh plusieurs euh

JGuarrigues :

euh ouvrages

JGuarrigues :

[zouvrages:pronounce:instantaneous] et articles des années vingt trente

JGuarrigues :

justement mais

JGuarrigues :

au moment où

JGuarrigues :

surgit une extrême droite

JGuarrigues :

[i:noise:instantaneous] hm bon

JGuarrigues :

[i:noise:instantaneous] euh alors pour répondre à votre question

JGuarrigues :

sur le populisme

JGuarrigues :

oui euh ce ce que je voulais dire c'est que

JGuarrigues :

alors euh

JGuarrigues :

c'est très difficile de définir le populisme ça mériterait des heures parce que

JGuarrigues :

la tradition populiste elle est complexe

JGuarrigues :

ça commence dans la Russie de la fin du dix-neuvième siècle

JGuarrigues :

ça passe par euh

JGuarrigues :

Theodore Roosevelt au début du vin- du vingtième siècle américain donc c'est euh

JGuarrigues :

c'est une notion très très complexe euh

JGuarrigues :

le populisme

JGuarrigues :

mais c'est vrai

JGuarrigues :

que euh

JGuarrigues :

le euh

JGuarrigues :

hm

JGuarrigues :

comment dirais-je ?

JGuarrigues :

la mythologie de l'homme providentiel c'est parfois

JGuarrigues :

agrégée

JGuarrigues :

à des personnages

JGuarrigues :

de dimensions

JGuarrigues :

je dirais un peu euh

JGuarrigues :

secondes ou secondaires

JGuarrigues :

qui euh ont pu

JGuarrigues :

justement flirter

JGuarrigues :

avec euh

JGuarrigues :

ce qu'on considère comme le populisme c'est-à-dire

JGuarrigues :

au fond cette tentation

JGuarrigues :

d'aller dans le sens du peuple

JGuarrigues :

de flatter le peuple dans le

JGuarrigues :

dans le sens du poil donc voilà c'est c'est

JGuarrigues :

donc euh

JGuarrigues :

effectivement y a une

JGuarrigues :

un danger de dérive populiste

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

mais tout populiste

JGuarrigues :

n'est pas forcément un homme providentiel et réciproquement

SG486:

oui oui d'accord

JGuarrigues :

voilà c'est ça que je veux dire

CBruneau:

je crois qu'il y avait encore une question

CBruneau:

ça sera peut-être euh

CBruneau:

la dernière

JF316:

hm merci

JF316:

oui Jean j'ai

JF316:

comme tu l'imagines j'ai été très très intéressé par cette euh

JF316:

par cette présentation

JF316:

et

JF316:

effectivement euh on s'aperçoit

JF316:

euh la question sera pour à la fin donc euh

JF316:

euh on s'aperçoit qu'en fait euh

JF316:

[bb:noise:instantaneous] bon Pierre Mendès France

JF316:

[bb:noise:instantaneous] euh fait un peu exception là parce que

JF316:

euh

JF316:

faut voir aussi après l'aspect

JF316:

Miterrand mais

JF316:

la plupart des hommes providentiels euh jusqu'à

JF316:

jusqu'à c-

JF316:

jusqu'à mille neuf cent soixante-deux en fait

JF316:

c'est-à-dire jusqu'au moment où la cinqu-

JF316:

la personnalisation du pouvoir sous la cinquième République

JF316:

avec l'élection du suffrage universel

JF316:

euh du Président au suffrage universel direct

JF316:

direct donc

JF316:

impose pratiquement

JF316:

qu'il y ait une euh

JF316:

y compris à gauche

JF316:

euh une p-

JF316:

alors que c'est totalement antinomique

JF316:

euh c'est Marchais qui disait euh

JF316:

euh nous refusons l'homme providentiel

JF316:

hein en parlant de Mitterrand

JF316:

évidemment

JF316:

et donc la plupart sont plutôt

JF316:

à droite

JF316:

ou à l'extrême droite malheureusement avec l'exemple que tu as pris de sinistre mémoire

JF316:

euh

JF316:

et alors PMF c'est

JF316:

c'est quel c'est c'est très intéressant parce que

JF316:

[bb:noise:instantaneous] c'est celui qui reste le plus

JF316:

le le le durant la la du le le le le le le plus

JF316:

comment dire euh av- avec

JF316:

la durée la plus courte euh au

JF316:

euh d'un homme politique au pouvoir c'est celle de Pierre Mendès France

JF316:

euh qui en fait énormément justement qui va réformer la France

JF316:

alors

JF316:

et et

JF316:

que est-ce que cette cette euh

JF316:

providentialité ou ce providentialisme je sais pas comment dire

JF316:

je fais un néologisme

JF316:

en fait euh ne naît pas

JF316:

après justement parce que ce fut celui qui

JF316:

refusait

JF316:

d'être l'homme providentiel

JF316:

puisque il a refusé de voter la constitution il était contre le pouvoir personnel

JF316:

bon

JF316:

et euh en fait il il fait quand même partie effectivement de ces hommes providentiels euh bon

JF316:

et en

JF316:

en mille neuf cent quatre-vingt-un

JF316:

c'est sûr que Mitterrand euh bon euh

JF316:

mais il le souhaitait c'était pas son corps défendant hein

JF316:

euh bon euh apparaissait comme homme providentiel l'état de grâce

JF316:

c'est sa c'est sa formule

JF316:

c'est lui qui a qui dit pour la première fois

JF316:

il y aura un état de grâce

JF316:

hein euh si jamais je suis élu

JF316:

et est-ce qu'on ne peut pas considérer non plus que

JF316:

dans la lutte entre Rocard et Mitterrand

JF316:

euh y a pas eu non plus une volonté de chercher un homme providentiel

JF316:

à un moment où Mitterrand

JF316:

était considéré par beaucoup comme incapable d'arriver au pouvoir

JF316:

euh bon les sondages et cetera et cetera

JF316:

et ou alors là bien malgré lui

JF316:

un homme comme Michel Rocard

JF316:

apparaissait à une partie de la gauche

JF316:

comme aussi

JF316:

euh avec un potentiel euh de

JF316:

[bb:noise:instantaneous] euh de d'homme pr- d'homme providentiel enfin donc de providentialité c-

JF316:

encore je ce néologisme excusez-m'en

JF316:

et puis hm

JF316:

la question est la suivante euh

JF316:

[bb:noise:instantaneous] la dernière question est la suivante

JF316:

euh n'y a t-il pas une désillusion

JF316:

inévitable peut-être

JF316:

euh de la part de l'opinion publique

JF316:

euh

JF316:

d'autant plus forte

JF316:

euh que ils ont mis leur espoir

JF316:

dans un homme euh providentiel ? euh

JF316:

c'est la question que je te pose

JF316:

voilà

JGuarrigues :

alors euh là aussi je vais commencer par euh

JGuarrigues :

en répondant par la fin

JGuarrigues :

oui

JGuarrigues :

évidemment

JGuarrigues :

c'est plus dur sur la chute

JGuarrigues :

il n'est pas d'exemple

JGuarrigues :

d'homme providentiel qui soit parti

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

dans l'état de grâce

JGuarrigues :

ils sont tous partis

JGuarrigues :

dans l'état de disgrâce et c'est parfois cet état qui les a fait partir

JGuarrigues :

mais même au cas où euh

JGuarrigues :

l'homme providentiel

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

disparaisse de la scène politique

JGuarrigues :

par le jeu normal des alternances

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

il y a toujours

JGuarrigues :

cette

JGuarrigues :

cette chute

JGuarrigues :

de euh

JGuarrigues :

de de l'image cette

JGuarrigues :

désillusion

JGuarrigues :

simplement

JGuarrigues :

ce qui est intéressant c'est que

JGuarrigues :

le la séparation ou le deuil

JGuarrigues :

euh très souvent

JGuarrigues :

euh constituent un rebond

JGuarrigues :

et permettent de

JGuarrigues :

recréer

JGuarrigues :

et précisément cette mythologie

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

euh messianique

JGuarrigues :

euh euh

JGuarrigues :

je dirais à plus ou moins bon escient et et pour des plus ou moins bonnes

JGuarrigues :

bonnes raisons

JGuarrigues :

qui tiennent précisément et là j'en reviens à Mendès France

JGuarrigues :

à ce besoin d'incarnation

JGuarrigues :

à ce vide euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

ce déficit d'incarnation euh

JGuarrigues :

euh de de la démocratie qui quand même

JGuarrigues :

u- une obsession

JGuarrigues :

de la vie démocratique

JGuarrigues :

bien avant la présidentialisation du régime

JGuarrigues :

hein parce que tu parlais de

JGuarrigues :

de la rupture de de soixante-deux

JGuarrigues :

mais au fond euh

JGuarrigues :

euh des hommes comme euh

JGuarrigues :

comme Gambetta euh

JGuarrigues :

euh comme Clémenceau

JGuarrigues :

qui sont des purs républicains des parlementaristes

JGuarrigues :

Clémenceau un peu moins en novembre dix neuf cent dix-sept

JGuarrigues :

mais

JGuarrigues :

mais Gambetta

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

dont le discours tend à euh

JGuarrigues :

exalter le collectif

JGuarrigues :

c'est le commis voyageur de la démocratie

JGuarrigues :

euh euh euh se dit malgré tout euh

JGuarrigues :

sa démarche politique

JGuarrigues :

et là j'ai ess- j'ai essayé d'étudier ça un peu de près dans dans dans le bouquin

JGuarrigues :

euh sa démarche politique

JGuarrigues :

les g- son entourage

JGuarrigues :

tendent à fabriquer

JGuarrigues :

une sorte de

JGuarrigues :

personnage de recours

JGuarrigues :

unique

JGuarrigues :

euh de euh

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

indispensable

JGuarrigues :

hein de

JGuarrigues :

d'une figure qui

JGuarrigues :

finalement émerge du collectif

JGuarrigues :

républicain

JGuarrigues :

qui émerge de

JGuarrigues :

de la démocratie qui se distingue

JGuarrigues :

de du reste

JGuarrigues :

hein de de la de

JGuarrigues :

du champ démocratique

JGuarrigues :

et c'est tout à fait intéressant

JGuarrigues :

parce que là

JGuarrigues :

c'est un champ

JGuarrigues :

de gauche

JGuarrigues :

hein on est euh

JGuarrigues :

euh les les

JGuarrigues :

les gambettistes se sont des hommes

JGuarrigues :

qui représentent la gauche sous sous la troisième République

JGuarrigues :

et ce sera un peu la même chose pour Pierre Mendès France

JGuarrigues :

non seulement du côté du regard

JGuarrigues :

des des électeurs mendésistes

JGuarrigues :

ou des partisans de Pierre Mendès France

JGuarrigues :

mais y compris même dans le

JGuarrigues :

discours mendésiste si on le regarde

JGuarrigues :

avec précision on s'aperçoit que les éléments d'une

JGuarrigues :

d'une sorte de personnalisation

JGuarrigues :

d'une sorte de de construction de

JGuarrigues :

de personnages

JGuarrigues :

inéluctables

JGuarrigues :

euh hé bien

JGuarrigues :

participe

JGuarrigues :

de sa euh

JGuarrigues :

de son arrivée au pouvoir

JGuarrigues :

donc

JGuarrigues :

voilà

JGuarrigues :

les choses sont

JGuarrigues :

complexes

JGuarrigues :

et justement expriment cette

JGuarrigues :

permanence-là

JGuarrigues :

qui est tout à fait intéressante

CBruneau:

dernière question merci

MB834:

bonjour

MB834:

ce sera très court

MB834:

hm

MB834:

[bb:noise:instantaneous] ce serait pour revenir euh

MB834:

avec euh votre comparaison euh au sujet de

MB834:

Nicolas Sarkozy et euh

MB834:

de euh

MB834:

son analogie avec euh le bonapartisme

MB834:

[b:noise:instantaneous]

MB834:

hm

MB834:

ce serait pour euh savoir si on pouvait aussi

MB834:

poursuivre l'analogie

MB834:

avec les années précédentes euh

MB834:

de

MB834:

à partir de la fin de l'élection euh présidentielle de deux mille deux avec

MB834:

l- l'émergence des questions d'insécurité avec

MB834:

ensuite le passage de Sarkozy intérieur

MB834:

s'il n'y avait pas eu une instauration

MB834:

d'une sorte de climat de terreur comme il y avait eu ensuite pendant la Révolution française

JGuarrigues :

euh

JGuarrigues :

[rire en fond:noise:instantaneous]

JGuarrigues :

sans aller jusqu'à euh

JGuarrigues :

la thématique de la terreur

JGuarrigues :

le discours prophétique c'est-à-dire le discours qui consiste à

JGuarrigues :

construire

JGuarrigues :

une rencontre entre

JGuarrigues :

euh le désarroi d'une société

JGuarrigues :

et

JGuarrigues :

euh la figure du recours

JGuarrigues :

en l'occurrence Nicolas Sarkozy

JGuarrigues :

passe évidemment

JGuarrigues :

par

JGuarrigues :

la

JGuarrigues :

fabrication d'un discours du déclin

JGuarrigues :

c'est ce qu'on a appelé les déclinologues

JGuarrigues :

et euh

JGuarrigues :

dans euh l'idée de ce déclin il y a aussi

JGuarrigues :

la construction

JGuarrigues :

plus ou moins fantasmée

JGuarrigues :

d'un é-

JGuarrigues :

d'une société en état de choc

JGuarrigues :

d'une société aux prises

JGuarrigues :

avec les phénomènes de l'insécurité euh

JGuarrigues :

de la crise économique et cetera

JGuarrigues :

donc ça fait partie aussi euh

JGuarrigues :

de la

JGuarrigues :

de la construction de

JGuarrigues :

de cette image

JGuarrigues :

mais j'irais pas quand même jusqu'à l'idée de de terreur

JGuarrigues :

voilà

JGuarrigues :

CBruneau:

bien

CBruneau:

bon

CBruneau:

merci euh Jean donc

CBruneau:

nous venons d'avoir deux

CBruneau:

deux exposés tout à fait euh

CBruneau:

passionnants

CBruneau:

[bb:noise:instantaneous] alors maintenant euh donc pour euh

CBruneau:

on va avoir un changement de plateau

CBruneau:

si je puis dire et

CBruneau:

le temps de

CBruneau:

de l'effectuer euh

CBruneau:

on va peut-être vous accorder cinq minutes si vous voulez

CBruneau:

euh prendre un café par exemple

CBruneau:

mais cinq petites minutes hein

CBruneau:

et puis euh donc on se retrouve euh

CBruneau:

tout de suite hein presque

CBruneau:

voilà


Titre		ESLO2_CONF_1241
Corpus		ESLO2
Catégorie		Conférences (Enregistrements de conférences suivies éventuellement de discussions)
Description
Lieu		[Spatial] : Orléans, [TGN] : 7008337, [POINT] : east=1.936; north=47.841
Date de création		12/04/2012
Durée		01:00:26
Acoustique		Bonne
Sujet		(text_and_corpus_linguistics) Français (Ethnologue: fra)
Langues
Identifiant URI		/CorpusEslo/UploadsEslo/EnregistrementsStockes/ESLO2_CONF_1241.wav
Locuteurs		CBruneau \| PF932 \| JGuarrigues \| ZR652 \| FL331 \| SG486 \| JF316 \| MB834
Editeurs		LLL Université d'Orléans
Créateurs		LLL Université d'Orléans - ESLOs
Chercheurs		Baude Olivier
Chercheurs locuteurs
Participants
Autres participants


Titre		ESLO2_CONF_1241_C
Sommaire
Description
Date de transcription		17/12/2012
Date de modification		17/04/2014
Type		Version Validée
Format		Trs
Identifiant URI		ESLO2_CONF_1241_C.trs
Administré par		Administrateur lkanaan [ layal.kanaan@univ-orleans.fr ]
Transcripteur		Kanaan Layal
Version du guide		Troisième version
Droits		Copyright (c) 2014 Université d'Orléans/LLL Freely available for non-commercial use. This file is licensed under a Creative Commons License.


Année de naissance
Tranche d'âge		45/55
Lieu de naissance
Sexe		Masculin
Niveau d'études		Bac + 4
Age de fin d'études
Profession INSEE		Cadres et professions intellectuelles supérieures
Echelle AM
Situation		Non renseigné
Année d'arrivée sur Orléans
Enfants
Description


Année de naissance
Tranche d'âge		45/55
Lieu de naissance
Sexe		Masculin
Niveau d'études		Bac + 5 et plus
Age de fin d'études
Profession INSEE		Cadres et professions intellectuelles supérieures
Echelle AM
Situation		Non renseigné
Année d'arrivée sur Orléans		2005
Enfants
Description


Année de naissance
Tranche d'âge		45/55
Lieu de naissance
Sexe		Masculin
Niveau d'études		Bac + 5 et plus
Age de fin d'études
Profession INSEE		Cadres et professions intellectuelles supérieures
Echelle AM
Situation		Non renseigné
Année d'arrivée sur Orléans
Enfants
Description


Année de naissance		1946
Tranche d'âge		+ de 65
Lieu de naissance
Sexe		Masculin
Niveau d'études		Bac + 5 et plus
Age de fin d'études		52
Profession INSEE		Cadres et professions intellectuelles supérieures
Echelle AM
Situation		Non renseigné
Année d'arrivée sur Orléans		1999
Enfants
Description


Année de naissance
Tranche d'âge		55/65
Lieu de naissance
Sexe		Masculin
Niveau d'études		Bac + 5 et plus
Age de fin d'études
Profession INSEE		Cadres et professions intellectuelles supérieures
Echelle AM
Situation		Non renseigné
Année d'arrivée sur Orléans
Enfants
Description


Année de naissance
Tranche d'âge		35/45
Lieu de naissance
Sexe		Masculin
Niveau d'études		Bac + 5 et plus
Age de fin d'études
Profession INSEE		Cadres et professions intellectuelles supérieures
Echelle AM
Situation		Non renseigné
Année d'arrivée sur Orléans
Enfants
Description


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